Ouvrage collectif, Claude Closky

Au livre, au magazine, à l’image, au mot et au nombre, Claude Closky entretient un rapport plus que privilégié : ce sont là les ingrédients mêmes de son art et il n’a pas son pareil pour les mettre en œuvre. Pour les extraire de leurs sources originelles, s’en servir comme matériaux de façon détournée – ou détourée – et les reverser à l’ordre d’une création qui en fait chavirer le sens. Qu’il se saisisse d’images publicitaires pour créer toutes sortes de photomontages, qu’il joue des clichés d’une société qui n’en manque pas, qu’il aligne des ribambelles de mots à la queue leu leu, qu’il nous entraîne à la dérive sur internet, Closky n’a de cesse d’excéder nos travers consuméristes et communicationnels.
L’ouvrage que viennent de publier conjointement les centres d’art contemporain du domaine de Kerguéhennec, à Bignan, en Bretagne, et du Parvis, à Ibos, près de Tarbes, est à l’image d’un artiste qui manie avec un rare talent mass média, sémantique et sémiotique. Si, de son aveu même, « le but de ce livre est de publier des textes et d’informer sur [son] travail », il n’en reste pas moins qu’il est lui-même une œuvre. De graphisme, de composition, de mise en page. Rien de plus normal après tout ! Si une dizaine d’auteurs se disputent l’avantage de textes courts et précis sur les différents aspects du travail de Closky, c’est encore parce que celui-ci tient bon la barre et qu’il lui plaît de gouverner sa bibliographie. Parmi ceux-ci, Frédéric Paul – directeur du centre de Kerguehennec et fidèle entre tous – et Lynne Cooke portent un regard tout à la fois aigu et « critique », au meilleur sens du terme, comme on oublie trop qu’il s’applique à savoir discerner entre les choses.