Quatre ouvrages se penchent sur l’actualité de l’architecture, au-delà des civilisations et des techniques.
L’heure est à l’œcuménisme architectural. Elle n’est plus au combat des anciens et des modernes, à l’affrontement des traditionalistes et des progressistes. La toute récente ouverture de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine qui mêle allègrement mémoire et prospective, hier, aujourd’hui et demain, en témoigne abondamment. La production éditoriale emboîte le pas et les éditeurs sont de moins en moins « spécialisés ». Ils empruntent aujourd’hui aussi bien les vieux sentiers que les autoroutes futuristes. La moisson d’automne en fait foi avec, pour l’inaugurer, les Greniers collectifs de l’Atlas de Salima Naji, laquelle, architecte et anthropologue, nous donne un ouvrage qui mêle architecture et paysages, histoire et philosophie, coutumes ancestrales et sociologie. Certes, la pierre et le sable, mais tout autant le grain et la chair, font de cet ouvrage consacré au patrimoine du sud marocain, un pur délice.
Du patrimoine, il s’agit de passer à la modernité la plus technique en traversant les œuvres d’une part, de Jean-Marie Duthilleul et Étienne Tricaud, tous deux polytechniciens, ingénieurs des Ponts et Chaussées et architectes DPLG, et d’autre part de Marc Mimran, ingénieur des Ponts et Chaussées et architecte DPLG. Associés au sein d’AREP, les deux premiers sont les grands spécialistes des gares. Du RER au TGV, de la France à la Chine, d’Italie au Qatar, du centre-ville aux aéroports, peu de territoires de transport et de liaison qu’ils n’aient exploré. Mais plus que de technique, c’est de méthode que parle De la gare à la ville au titre révélateur. Avec Marc Mimran Hybrid(e), c’est vers d’autres ouvrages d’art que se tourne le regard et notamment vers ses ponts qui défient si souvent les lois de la pesanteur. Là encore, une écriture incroyablement subtile et déliée qui s’attache moins à mettre en œuvre des matériaux que de donner « matière à penser ». Duthilleul, Tricaud, Mimran ou l’art abouti de concilier ingénierie et architecture.
Avec Philippe Chiambaretta, ce sont plutôt les rives de l’art que l’on aborde. Très proche du monde de l’art contemporain, Chiambaretta, lui aussi ingénieur et architecte, en épouse la vision prospective. Aventureuse pourrait-on dire. Consacré à seulement deux projets, l’un de tout petit « format » (le Centre de Création Contemporaine de Tours), l’autre monumental (des tours à La Défense), Tours Architectures s’attache à définir ce qui relève, en architecture, du théorique et de l’empirique, du désir et des contraintes.
Patrimoine, modernité, prospective, belle moisson d’automne !
Salima Naji, Greniers collectifs de l’Atlas, éditions Edisud, 300 pages, 54 euros, ISBN 978-2-744-0645-9. - Marcel Bajard et François Lamarre, De la gare à la ville, éditions AAM, 176 pages, 24 euros, ISBN 9-7828-71-431855. - Antoine Picon, Marc Mimran Hybrid(e), éditions Infolio, 240 pages, 38 euros, ISBN 978-2-88474-026-5. - Marie-Ange Brayer, Clément Dirié, Aurélien Gillier et Alain Julien-Laferrière, Tours Architectures, éditions Monografik, 96 pages, 24 euros, ISBN 978-2-916545-29-5.
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Moisson d’Automne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : Moisson d’Automne