Monographie - « Je ne me suis jamais senti le spécialiste d’un artiste. » Mauro Lucco, dont l’« âge [lui] permet de considérer [sa] carrière avec un certain détachement », aborde sa dernière monographie comme il avait approché les précédentes : avec modestie, entendant « simplement raconter avec la plus grande clarté possible la vie de Mantegna et montrer la valeur de sa peinture ».
Pour cela, l’historien de l’art reprend la promesse qu’il faisait en introduction de son Antonello de Messine – dont il est, ne lui déplaise, l’un des spécialistes : « un récit destiné à un public assurément cultivé, mais peu intéressé par les disputes philologiques ou iconologiques » (Hazan, 2011). Et le public « cultivé » de n’être, cette fois encore, pas déçu par ce Mantegna (Actes Sud). De la naissance de l’artiste à Padoue vers 1431 – et non à Mantoue comme on l’a parfois pensé – à son décès en 1506 à l’âge de 75 ans, Mauro Lucco retrace le parcours d’Andrea, peintre de cour qui dut sa liberté en peinture à ses protecteurs, dont trois générations de Gonzague. Peintre ? Lucco laisse ouverte l’hypothèse selon laquelle Mantegna aurait été aussi sculpteur, l’égal de Praxitèle. Ce qui expliquerait cette manière austère et « pierreuse » que lui reprochait Vasari… et à laquelle s’oppose l’auteur, qui défend au contraire une âme chaleureuse. Si le texte est vivant – empathique même –, il tombe dans les travers de l’historien qui veut soutenir ici une thèse, en contredire là une autre. Au risque parfois de perdre de vue l’art de Mantegna, qu’une iconographie géniale et superbement reproduite, à l’instar du plafond de la chambre des époux repris en couverture, remet heureusement toujours en ligne de mire.
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Mantegna, avec modestie
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Abonnez-vous dès 1 €Mauro Lucco, Mantegna, Actes Sud, 384 p., 280 ill., 140 €.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : Mantegna, avec modestie