Les premiers pas de Claire Chazal hier soir à « Entrée libre » sur France 5

Pendant vingt-quatre ans, on l'a vue aborder, assise et dans une collection de tailleurs stricts, des sujets plus ou moins graves. Hier, c'est debout et en beauté que Claire Chazal débutait sur France 5. Chemise bleu ciel, pantalon droit, noir, avec cette coupe au carré blonde qui la caractérise. Jamais n'a-t-elle eu l'air si ravi. Et l'ancienne présentatrice du 20h de dérouler son tout premier sommaire culturel. Au programme : une pièce de théâtre, une exposition, un film mythique, et un entretien. C'est dans ce dernier exercice qu'elle était le plus attendue.

Son visage concentré laisse la place à un reportage consacré au dernier Roméo et Juliette de la Comédie Française. Une mise en scène signée Éric Ruf. Après avoir rappelé la violence et la modernité du bestseller shakespearien, la voix off est relayée par un nouveau commentaire de Claire Chazal, laquelle gagne peu à peu en aisance. Une moue timide, quoique charmante, introduit le sujet suivant. Il est cette fois question de Georgia O'Keeffe, la première femme exposée au « musée d'art moderne de New York », pour ne pas dire le MoMA. Une rétrospective lui est, en ce moment, dédiée à Grenoble. Fin de la séquence art. « Chaque semaine, Christophe Carrière revoit pour nous un monument du cinéma », enchaîne, sans cligner, l'ex-reine de l'info. Passées quelques remarques sur le rôle des animaux dans le Parrain, arrive Daniel Auteuil, l'invité du jour.

L'occasion pour l'animatrice d'asseoir sa légitimité. Elle qui se tenait droite comme un piquet, le pied nonchalamment posé sur une marche, renoue tout à coup avec le cadre familier d'un fauteuil. Son débit s'accélère légèrement. Elle jette un rapide coup d'œil à ses fiches, tandis que le comédien développe son actualité. L'envers du décor. Non seulement Daniel Auteuil met en scène cette pièce de Florian Zeller, mais il y joue également. Claire Chazal le coupe un instant. Elle qui s'accrochait consciencieusement à ses fiches, finit par relâcher une de ses mains. Puis ce sont les deux qui accompagnent, en même temps, la question d'après. Sa langue et ses bras se délient. Son sourire s'accentue au fil des répliques. Elle vient de trouver son ton, son rythme. Et c'est déjà fini. Peu importe ! Encore un peu, et elle aura le même naturel que son prédécesseur Laurent Goumarre, au bout de cinq ans d'émission. Quoique dans un style différent.

Demain, c'est « l'immense Michel Bouquet », qu'évoquera la radieuse présentatrice. De ce premier numéro d'Entrée libre, Claire Chazal ressort libérée. C'est du moins l'impression qu'elle donne. À suivre.