PARIS
PARIS [18.03.16] - De TF1, où elle présentait le Journal, elle est passée à Entrée libre, le magazine culturel phare de France 5. Comment Claire Chazal a-t-elle vécu cette transition ? La journaliste confie également au JdA qu’elle se verrait bien diriger un lieu culturel.
Comment passe-t-on du service privé au service public ?
C'est un aller-retour pour moi, puisque j'ai commencé à Antenne 2. Pas de différences majeures, à part la diversité de chaînes d'émissions dans le service public. C'est une grande liberté.
Vous présentiez le JT en direct tous les week-ends, on vous voit à présent à l'écran du lundi au vendredi. Vous avez changé de rythme. Comment s'organisaient vos semaines avant ? Et à quoi ressemble votre emploi du temps à présent ?
Pas de profond changement. Je travaille, j'écris, je lis, toujours chez moi. Et le soir, je sors, au théâtre, à l'opéra. Pendant vingt-cinq ans, je me devais d'être à la rédaction le vendredi, le samedi, et le dimanche. Aujourd'hui, j'ai retrouvé les week-ends. Autrement, la préparation d'Entrée libre se déroule la semaine, comme celle du JT avant. Toutes les émissions sont enregistrées le lundi, jour de relâche au théâtre, ce qui est assez pratique pour recevoir les comédiens.
Dans quel exercice êtes-vous le plus à l'aise, le direct ou les émissions pré-enregistrées ?
J'ai eu la chance de pouvoir présenter, il y a quelques semaines, Les Victoires de la Musique ; ce qui représente trois heures d'antenne. C'est très exaltant. Rien ne remplace le direct. Il nous mobilise davantage. Tout est plus vivant. La pression est moindre, on a le droit d'improviser, de se tromper. La post-prod, elle, permet de polir les imperfections, de soigner l'incrustation, l'habillage...
Vous qui pratiquez la danse avec assiduité, diriez-vous que présenter un direct, c'est comme se produire sur scène ?
Sur scène, on est face à des spectateurs. On a conscience de la qualité de leur écoute, de leur silence. À la télévision, on est entouré de techniciens. On ne ressent pas la présence du public de la même façon.
Avez-vous pris vos marques facilement, ou vous a-t-il fallu du temps pour vous sentir légitime ?
Je crois que j'aurais toujours du mal à me sentir complètement légitime. Quand on change de registre, il faut toujours faire ses preuves. J'ai abordé mon passage à Entrée libre avec appréhension et concentration. Je connais bien la culture et ses acteurs. C'est une matière que je malaxe depuis longtemps mais il a fallu que j'apprenne à écrire différemment. Je peux désormais me permettre de dire ce que j'aime. Il ne s'agit plus de donner une information brute, mais de transmettre des émotions.
L'audience d'Entrée libre a grimpé mi-février. Comment justifiez-vous cette progression ?
Pour le moment, je n'ai pas les yeux rivés sur l'audimat. On ne peut pas juger du succès d'une émission après seulement un mois de diffusion. À la télévision, il faut être patient. L'effet est lent. Les gens ne savaient pas que je faisais cette émission qui plus est. Je serai ravie si, dans six mois, le bilan indique effectivement que les chiffres ont augmenté.
Vous avez toujours souhaité mettre la culture en avant dans le JT, vous animiez déjà votre émission culturelle sur Radio Classique avant d'atterrir sur France 5. Que vous apporte Entrée libre ?
J'ai laissé l'information générale derrière moi. Ce temps-là est révolu. Pour le JT, je prévoyais au minimum cinq sujets culturels par week-end. Sur Radio Classique, j'avais déjà, en parallèle, l'opportunité de rencontrer des artistes plus confidentiels. Et grâce à Entrée libre, je peux développer des sujets avec des journalistes tant spécialisés que passionnés. Si j'ai eu la chance de me reconvertir, cette évolution me paraît naturelle.
Vous aimez le théâtre, la musique, la danse, quelle est votre relation aux arts plastiques ?
Ce que j'aime par-dessus tout, ce sont les livres et le spectacle vivant. En musique, je préfère l'opéra à la musique symphonique. Je fréquente aussi souvent que possible les musées, quoique l'art ne soit pas mon domaine de prédilection. Je m'intéresse à tout. Je ne vais pas à Florence sans aller aux Offices. Je me rends tous les ans à la FIAC, même s'il y a des artistes contemporains que je ne comprends pas du tout ; cela suppose des références que je n'ai pas. En revanche, c'est toujours un immense plaisir pour moi de revoir Picasso, Braque, Ernst, Matisse, Kiefer...
Aimeriez-vous vous retrouver à la tête d'une institution artistique ou culturelle ?
Quand je suis partie de TF1, j'y ai pensé. J'adorerais faire vivre un lieu culturel. Un musée, ce n'est pourtant pas mon premier choix. Pour le moment, je peux encore m'intéresser au patrimoine en tant que journaliste. Pas de contraintes de rentabilité. En tant qu'observateur, on est plus libre.
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Claire Chazal : « J'ai eu la chance de pouvoir me reconvertir »
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Légende Photo :
Claire Chazal au Festival de la Correspondance de Grignan (Drôme) en 2007 © Photo BéatriceLouise - Photo sous Licence Domaine public via Wikimedia Commons