Les livres sorciers, le wampum ou les perles de la diplomatie, l’idéal du musicien ou l’âpreté du monde, les vies longues de la maison… Les couvertures de la revue Gradhiva intriguent, piquent, font rêver, mettent l’eau à la bouche.
Cette revue semestrielle d’anthropologie de l’histoire de l’art et d’histoire de l’histoire de l’art, a été créée en 1986, au Musée de l’homme. Ses fondateurs, deux anthropologues et ethnologues, l’écrivain Michel Leiris et Jean Jamin, ont choisi son nom en s’inspirant du titre d’un roman, Gradiva,écrit en 1903 par l’Allemand Wilhelm Jensen. Ce texte, qui raconte l’histoire d’un archéologue fasciné par un bas-relief représentant une femme qui marche, avait inspiré de nombreux surréalistes, mais aussi Sigmund Freud, qui en avait proposé une lecture psychanalytique. À ce titre onirique et fécond, Michel Leiris et Jean Jamin ont ajouté un « h » pour « Histoire » et pour l’« Homme » du « Musée de l’homme » . « Gradhiva, qui a été extrêmement importante dans le domaine de l’anthropologie et de l’ethnologie, est, à mon sens, une revue d’épistémologie : Gradhiva propose un regard critique, analytique, incisif, un pas de côté, auquel nous demeurons très sensibles aujourd’hui », explique Philippe Charlier, directeur du département de la recherche et de l’enseignement du Musée du quai Branly-Jacques Chirac, et à ce titre directeur de la publication de Gradhiva, désormais rattachée au musée parisien. Si la revue est restée fidèle à la pensée de Leiris et Jamin, elle s’est aussi ouverte à de nouvelles disciplines, comme l’ethnomusicologie, et s’est offert une cure de jouvence en 2020. Avec son élégante jaquette en couleur qui se déploie et peut même s’encadrer et s’accrocher au mur, cette revue peut attirer l’œil des bibliophiles. Elle suscite ainsi plus que jamais la curiosité et le désir. « Le numéro sur les livres sorciers, par exemple, se lit presque comme un roman : il explique comment certains livres sont utilisés en magie ou deviennent des objets sacrés, comment certaines écritures sont inspirées par des divinités, pourquoi on trouve parfois des livres sur les tombes… », raconte Philippe Charlier. Et cela tombe bien : accessible au grand public qui y trouvera des articles en écho à des expositions ou à des thèmes sociétaux, tout en s’adressant aux étudiants ou aux chercheurs, Gradhiva, distribuée en librairie ou par abonnement, est présente dans toutes les bibliothèques universitaires ou de musées, mais aussi sur le site Internet du Musée du quai Branly, où tous les numéros sont en libre accès. Des hors-séries, qui peuvent être liés à une exposition, complètent cette publication semestrielle. Pas question alors de faire concurrence au catalogue : « Comme pour la revue, il ne s’agit pas d’un catalogue bis : le but est de faire un pas de côté ! », insiste Philippe Charlier.
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Les pas de côté de Gradhiva
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°764 du 1 mai 2023, avec le titre suivant : Les pas de côté de Gradhiva