Le territoire dans les cultures juives et arabes

Les sources vont des textes talmudiques aux romans arabes contemporains, en passant par la poésie arabe médiévale et la littérature yiddish. Mais dans cette grande diversité manquent des textes palestiniens, ou du moins des sources sur les territoires palestiniens. En effet, plusieurs chapitres abordent les débats sur les limites d’Israël à différentes périodes, mais aucun ne traite de la Palestine, alors qu’il y a largement matière à réflexion.

L’ouvrage fait ressortir des continuités sur le long terme : le désert comme lieu infini dans la poésie arabe classique, l’exil et le rapport au territoire d’origine chez les écrivains arabes et dans les diasporas juives, le rapport au patrimoine et à la mémoire au Liban…

Si l’essentiel des études porte sur les sources textuelles, certains chapitres se distinguent par leur ouverture vers d’autres arts. Ainsi le travail de Monica Ruocco sur le théâtre syrien en Allemagne puise-t-il aussi dans les politiques culturelles et les programmes européens d’aide aux artistes (Creative Europe). Il en ressort une organisation efficace en réseau et la préoccupation des dramaturges syriens pour le statut d’artiste « réfugié » dans un pays étranger. Question épineuse… Le chapitre consacré à la stratigraphie imaginaire dans la littérature rabbinique antique, par Madalina Vârtejanu-Joubert, montre à travers la question du patrimoine que l’obsession pour les traces du paganisme et de toute culture non juive sur la « terre d’Israël » n’a rien de nouveau, à l’heure où s’y multiplient les atteintes au patrimoine.

Il aurait fallu adjoindre des références aux arts visuels qui auraient pu enrichir l’ouvrage : les chapitres sur les mouvements djihadistes auraient ainsi bénéficié d’un examen de la communication par l’image d’Al-Qaïda et l’État islamique. De même, plusieurs chapitres sur la ville comme espace recomposé auraient pu faire appel au cinéma.