Le Livre des peintres

Voici un classique absolu que l’édition française semblait avoir oublié. Pour lire le « Vasari du Nord », ce Karel Van Mander (1548-1606), Hollandais qui avait donné en 1604 le pendant du cycle biographique de l’illustre Italien, il fallait recourir à la traduction anglaise publiée en 1993 par Miedema Hessel. Cité partout, et toujours par les mêmes anecdotes empruntées à la vie des frères Van Eyck ou à celle de Dürer, Van Mander, source primordiale pour comprendre l’histoire de l’art de l’Europe du Nord, aussi incroyable que cela paraisse, ne se trouvait pas en librairie. En pensant d’abord à ses étudiants de la Sorbonne, Véronique Gérard-Powell a sagement décidé de donner, dans une traduction de la fin du XIXe siècle, un choix des biographies de Karel Van Mander, préfacé et annoté avec sobriété. Il ne s’agit certes pas encore de la monumentale édition complète
en langue française que l’on attend, mais ce volume permet de lire, enfin, dans leur intégralité, les premiers textes consacrés à Rogier Van der Weiden, Jérôme Bosch, Hans Holbein ou Pieter Bruegel. Il donne aussi les biographies du petit Gérard de Saint-Jean, de Calcar, de Mabuse, de Josse Van Cleef « le Fou » et de Jean Swart « le Noir ». En quelques pages, Van Mander trace un portrait, campe un personnage d’artiste, invente une manière de voir. Ce petit livre s’impose dans toute bibliothèque d’histoire de l’art comme une pierre fondatrice. Les Belles Lettres, qui poursuivent ainsi avec intelligence leur travail pionnier en matière d’édition de textes classiques, promettent un second volume.