Le festival du film de Berlin fait la part belle à l’art contemporain

La 66e édition de la Berlinale, qui se tient du 11 au 21 février 2016, est placée sous le thème du droit au bonheur. Cette année, avec quatre films sélectionnés, la France est le pays le plus représenté dans la compétition officielle.

Mais le festival du film ne fait pas que le bonheur des cinéphiles : les amateurs d’art y trouvent également leur compte. Au programme hors compétition, plusieurs documentaires sur des artistes, tels que les photographes américains Mapplethorpe et Robert Frank. La jeune cinéaste Camille Pfeffer essaie, elle de percer le mystère de l’artiste Oda Jaune, plus connue en Allemagne sous le nom de « veuve Immendorff » en raison des procès à répétition sur la succession de son défunt mari, le peintre Jörg Immendorff.

Créée en 2006, la section Forum Expanded brouille les frontières entre art contemporain et film expérimental. « Nous ne faisons pas de différence entre un artiste visuel qui a tourné un film ou un cinéaste qui a réalisé une installation. Nous en discutons et les traitons de la même façon », déclare Anselm Franke, un des curateurs de la section.

Cette année, l’artiste allemand Clemens Wedemeyer et le Canadien Mark Lewis figurent dans la sélection, ainsi que Continuity, une œuvre d’Omer Fast présentée lors la dernière documenta et plus récemment au Jeu de paume. Régulièrement invité à la Berlinale, Omer Fast présentera aussi son premier long métrage, Remainder, dans la section Panorama.

Les curateurs de la section Forum Expanded organisent également chaque année une exposition d’art contemporain pendant la Berlinale. Elle est gratuite et ouverte au public, commence la veille de l’ouverture du festival et s’achève un jour après sa fin, afin que les festivaliers puissent en profiter. Loin des paillettes et du glamour du tapis rouge, elle se déroule à l’Académie des Arts de Berlin. Intitulée « Traversing the Phantasm », l’exposition explore le thème psychanalytique du fantasme autour de 12 installations vidéo et une installation sonore. « Le thème du fantasme relie le subjectif et l’individuel au collectif et à la situation géopolitique », explique Anselm Franke.

L’artiste Kader Attia, fraîchement nominé pour le prix Marcel Duchamp, poursuit son exploration des pathologies psychiatriques amorcée lors de la Biennale de Lyon avec l’œuvre les Oxymorons de la raison. Celle-ci est toutefois présentée différemment : « A lyon, j’ai voulu créer une cacophonie », explique Kader Attia. A Berlin, le spectateur plonge dans les chapitres de sa bibliothèque d’interviews présentés sur quatre écrans avec des écouteurs individuels. Natasha Sadr Haghighian présente une installation sonore, une version abstraite et stylisée, réalisée en grandeur nature avec des briques de LEGO d’un panzer allemand. L’artiste français Raphael Griset se penche sur les descendants des esclaves au Brésil. Quant à Pushpamala N., elle réalise littéralement un lavage de cerveau (en plastique) dans son installation intitulée « Hygiène ».

Le festival du film collabore aussi régulièrement avec les institutions et musées de la capitale. Une projection-débat sera ainsi organisée en partenariat avec la Fondation du Patrimoine culturel de Prusse. Après la projection du documentaire « Les Indiens arrivent ! », la directrice et une conservatrice du Musée d’ethnologie de Berlin débattront de la nouvelle manière de présenter la culture et les films aborigènes. Ce musée s’installera en 2019 dans le futur Château de Berlin en cours de reconstruction. Ce sera l’occasion de revoir en profondeur la présentation des collections.