Expositions, ventes aux enchères : le street art bénéficie d’une cote d’amour sans précédent. Le monde de l’édition s’est aussi emparé du phénomène.
L’Arche de Glowinski
Monographie - Un morse qui s’étale sur un mur le long du canal de Bruxelles, un éléphant qui chute du sommet de la Bibliothèque royale, une araignée qui tisse sa toile, un renard, des poissons : les Bruxellois découvrent à partir de 2005 tout un bestiaire surgissant sur les murs de la ville. C’est Vincent Glowinski qui se cache derrière ces immenses dessins, prenant le nom de Bonom. Ce livre retrace toutes ses réalisations, du dessin préparatoire à l’exécution ; réalisant un des vœux chers à l’artiste qui souligne dans ces pages : « Je ne redoute pas que mes œuvres disparaissent, je crains qu’elles n’existent jamais. »
Vincent Glowinski et Ian Dykmans, Bonom, le singe boiteux, CFC-éditions, 207 p., 39 €.
Banksy, le maître et ses élèves
Mouvement - Banksy : ce nom résonne dans toutes les capitales du monde. Ses pochoirs reconnaissables entre mille portent un discours socio-politique, critique et humoristique, toujours bien senti. Devenu star, l’artiste a aussi créé des émules. Cet ouvrage, réalisé par le street artiste Ket, dresse une cartographie de ces disciples, plus ou moins revendiqués comme tels. À travers photos et propos d’artistes, c’est plus qu’une simple compilation d’influences, c’est une réflexion sur le travail de Banksy et de sa diffusion dans les milieux underground qui en ressort.
Ket, Planète Banksy, éditions Desinge et Hugo, 128 p., 17,50 €.
La Poésie du marteau-piqueur
Monographie - La première monographie en français d’Alexandre Farto, alias Vhils, vient de sortir. Au-delà du graffiti, l’artiste portugais sculpte des portraits d’anonymes sur les murs de nos cités, employant le burin, le marteau-piqueur voire l’explosif. Ce travail fascinant, où le support devient aussi matière de création, prouve que les interventions en milieu urbain peuvent dépasser la simple utilisation de la bombe aérosol et creuser, au propre comme au figuré, les liens entre les habitants et leur environnement. Une œuvre esthétiquement forte que collectionneurs et musées s’arrachent.
Alexandre Farto aka Vhils, Entropie, éditions Alternatives, 264 p., 35 €.
Dans l’Olympe du street art
Monographie - Quel peut être le rapport entre le maître de l’Olympe et un graffeur ? Le nom d’un train du RER A qui a failli faucher notre homme en 1992. Depuis, Zevs sévit de multiples façons : graffitis invisibles dans le métro parisien, qui ne se révèlent que sous lumière UV, ou détournements publicitaires via ses liquidated logos, de grandes coulures sur les logos des marques de luxe ou de fast food. Avec cette monographie, Toke Lykkeberg retrace le parcours intégral de cet artiste multirécidiviste et brouilleur de codes.
Toke Lykkeberg, Zevs : l’exécution d’une image, éditions Alternatives, 264 p., 35 €.
La mémoire des Magasins
Documents - Les bonnes idées de la pub peuvent donner naissance à de beaux projets. La réhabilitation des Magasins généraux de Pantin, par le groupe publicitaire BETC, rentre dans cette catégorie. Le bâtiment, en friche depuis des années et devenu le terrain de jeu de nombreux street artistes, a fait l’objet avant travaux d’une campagne photographique menée par le talentueux duo Marchand & Meffre, pour conserver la trace de ces œuvres. Avec, pour recontextualiser le projet, une étude documentée et imagée des trente dernières années d’art urbain.
Karim Boukercha, Romain Meffre & Yves Marchand, Graffiti général, éditions Carré, 250 p., 49 €.
Ovni littéraire
BD - Après son exposition à la galerie Wall-works à Paris, Poes change de support et s’attaque à la bande dessinée, autre art populaire. Faisant exploser la mise en page traditionnelle, l’artiste décide de nous raconter une histoire à sa façon. Images d’archives, dessins aux traits faussement ingénus, tout concourt à brouiller les pistes et à perdre le lecteur dans un dédale graphique, une expérience visuelle où le texte se fait discret.
Poes, Storytelling, galerie Wallworks, 110 p.
Le street pratique
Guide - Pour s’y retrouver dans les différentes écoles du graffiti, les éditions Eyrolles rééditent le livre de Bernard Fontaine, augmenté et mis à jour. Sa présentation chronologique permet d’appréhender toutes les subtilités du mouvement, des peintures pariétales de nos lointains ancêtres à l’arrivée des nouvelles technologies dans les pratiques actuelles. Très justement illustré, et doté d’un petit glossaire indispensable pour maîtriser le vocabulaire des street artistes, l’ouvrage s’avère un bon guide pour le lecteur curieux.
Bernard Fontaine, Découvrir et comprendre le graffiti, éditions Eyrolles, 160 p., 15,90 €.
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L’art de rue envahit aussi les librairies
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : L’art de rue envahit aussi les librairies