Indépendance ne signifie pas décolonisation : jusqu’au milieu des années 1970, la France a pesé sans nuances sur la politique culturelle du Sénégal.
Du grand musée d’art « nègre » aux échanges d’œuvres entre les deux pays, en passant par les expositions et les centres culturels français, Maureen Murphy traque les persistances du colonialisme sur fond de diplomatie d’influence. Côté français, Malraux joue un rôle central avec son Musée imaginaire et ses réseaux diplomatiques officieux. En face, Senghor tente de faire rayonner la négritude, mais reste redevable à l’ancien colon. Entre-temps, les débats font rage sur l’idée d’art moderne « africain », qui remet en cause le concept colonial d’art primitif. L’autrice postule que l’impossible décolonisation touche toute la culture et s’intéresse aussi au cinéma et à la philosophie politique, quand elle analyse Les statues meurent aussi (1953). Ce film d’Alain Resnais et de Chris Marker fut censuré jusqu’en 1964, car il assimilait les collections de pièces africaines à « une botanique de la mort ». Au fil des pages apparaît un système sophistiqué destiné à maintenir l’influence française, jusqu’à l’incendie du centre culturel français de Dakar en 1971, qui révélera l’aveuglement français.
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L’art de la décolonisation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°764 du 1 mai 2023, avec le titre suivant : L’art de la décolonisation