Plus de vingt ans après la première édition, Bertrand Jestaz reprend son ouvrage sur l’art de la Renaissance à l’aune des découvertes récentes.
Depuis vingt ans, l’histoire de l’art de la Renaissance n’a cessé de progresser, et des écrits qui, hier, faisaient référence sont aujourd’hui lacunaires. Fort de ce constat, l’historien de l’art Bertrand Jestaz a entièrement repris son ouvrage sur le sujet paru en 1984 aux éditions Citadelles et Mazenod, pour le mettre à jour à la lumière des avancées accomplies par la recherche. Concrètement, l’auteur de L’Art de la Renaissance a dû réécrire la plupart des notices consacrées à des monuments et modifier le texte de synthèse. Il a également introduit des données complémentaires qui avaient été laissées de côté faute de place dans le premier opus. En revanche, les grands thèmes de l’édition originale ont été maintenus, réservant une place de premier plan à l’Italie et faisant la part belle à l’architecture. « En somme, ni l’argument, ni les acteurs de ce long spectacle n’ont changé, mais leur texte a été en partie réécrit et leur interprétation améliorée. C’est donc un livre neuf, et ceux-là même qui en ont apprécié la première version devraient y trouver un intérêt renouvelé », explique en prologue Bertrand Jestaz. L’historien a tenu compte des nombreux commentaires, analyses ou polémiques provoqués par les restaurations de la chapelle Sixtine, au Vatican, ou de la chapelle Brancacci à Florence. Il a également tiré les enseignements des grandes expositions dévolues à des maîtres tels Léonard, Raphaël, Michel-Ange, Titien ou le Parmesan, comme de celles consacrées à des artistes moins connus – ainsi de Bergognone, Giovanni Gerolamo Savoldo, Alessandro Bonvicino Moretto, Domenico Beccafumi, le Bassan – voire oubliés, comme le peintre d’Urbin Fra Carnevale, révélé en 2004. L’auteur a aussi pris en considération les études menées sur l’église San Giorgio Maggiore à Venise, soulignant que le chef-d’œuvre originel de Palladio fut modifié par l’ajout du sanctuaire et du chœur. Antonio Ciaccheri retrouve ici la place qui lui est due dans l’architecture florentine du milieu du XVe siècle, tandis que l’œuvre de Bramante à Milan a été réévaluée. Quant à la sculpture, les historiens de l’art ont rééquilibré un domaine jusque-là exclusivement dominé par Florence, mettant en exergue des foyers comme Venise avec l’art des Lombardi (années 1470) ou Naples au début du XVIe siècle. Les avancées scientifiques ne concernent pas seulement l’Italie : le texte fait état des travaux de la nouvelle génération d’historiens espagnols autour de Tolède et de l’Andalousie. Il mentionne aussi des avancées, en France, sur la technique du vitrail, et l’étude approfondie des rapports entre les peintres flamands ou néerlandais avec l’art italien… Autant de nouveautés qui justifient pleinement la réévaluation de cet ouvrage de synthèse.
(coll. « L’art et les grandes civilisations »), éditions Citadelles & Mazenod, Paris, 2007 (réédition de 1984), 624 p., 199 euros, ISBN 978-2-85088-089-6.
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La Renaissance revivifiée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°261 du 8 juin 2007, avec le titre suivant : La Renaissance revivifiée