La joie dans l’art ? Rien n’est moins évident car un regard rapide sur la production plastique du XXe siècle offre un bilan qui n’a rien d’amusant.
Dans le hit-parade des chefs-d’œuvre, des Demoiselles d’Avignon de Pablo Picasso à Marilyn Monroe d’Andy Warhol ou à une installation de Joseph Beuys, les prétextes pour un éclat de rire sont rares. De même, sans prétendre que jusqu’à nos jours la joie était absente du domaine plastique – on connaît des illustrations drôles sur d’anciens papyrus égyptiens, ou au Moyen Âge les grotesques et les gargouilles avec leur aspect ambigu, à mi-chemin entre l’horreur et le comique –, elle n’était qu’un phénomène rare.
L’essai original de Paul Ardenne va à l’encontre de la vision répandue selon laquelle le manque de gravité est fréquemment assimilé à une insuffisance artistique. Ambitieux – trop ? –, l’ouvrage qui s’étend de la Préhistoire à l’époque contemporaine, cherche à étudier « la joie telle que l’exprime la face souriante, de l’art antique à aujourd’hui. La joie telle que l’expriment, encore, les corps en fête, seuls ou en groupe. La joie telle que l’inspirent, également, le bien-être, l’harmonie, la victoire, la publicité. » Projet d’autant plus ambitieux que cette notion – et l’auteur visiblement s’en réjouit – est vague et vaste. Tour à tour chez Paul Ardenne, la joie peut évoquer plaisir, satisfaction, gaîté, bonheur ou encore jouissance. Sans doute, la seule expression partagée par tous ces états psychiques est le sourire et le rire, auxquels l’auteur consacre un chapitre important. On y trouve, parmi d’autres, le Portrait d’un homme qui rit, (Antonello de Messine, 1470), L’Amour triomphe de tout (Caravage, 1602) et, faisant un saut dans le temps, First Baby (Patrick Mimran, 1997). Le sourire du nourrisson, que Paul Ardenne nomme le « sourire absolu », est le seul probablement qui échappe – et encore – à toute stratégie de séduction. Stratégie étudiée finement par l’auteur dans une autre section du livre et qui caractérise les images publicitaires ou, fabriquées elles aussi, les représentations d’événements historiques. Face à ces images le lecteur rit, mais rit jaune.
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À la recherche d’un art joyeux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°624 du 5 janvier 2024, avec le titre suivant : À la recherche d’un art joyeux