La Jérusalem délivrée du Tasse

Armide, la magicienne, revient en force avec ses sortilèges et ses jardins : au Musée des Beaux-Arts d’Agen, où l’on vient de découvrir dans le grenier un Tintoret oublié représentant Renaud et Armide, au mur du Musée des Beaux-Arts de Nancy, où l’immense écroulement du palais d’Armide, peint par Coypel, fait pendant à l’architecture de la place Stanislas, au disque aussi avec le plus bel enregistrement de l’Armide de Gluck, donné cette année par Marc Minkowski. La parution de ce volume d’actes de colloque vient à propos.
La Jérusalem délivrée du Tasse, depuis sa première édition en 1581, a servi, particulièrement en France et en Italie, de répertoire d’histoires, de figures, de passions, de sentiments et d’« affects » : peintres et écrivains s’en sont nourris pendant trois siècles. Le remarquable volume publié par le Louvre offre une vision pluridisciplinaire de ce phénomène culturel. Les contributions de Milovan Stanic, qui étudie les avatars dans la peinture de l’épisode d’Herminie chez les bergers ou de Giovanni Careri consacré au « retour du geste antique » à la fin de la Renaissance sont absolument remarquables.
Les actes de ce colloque donnent envie de se replonger dans le combat de Tancrède et de Clorinde et les histoires lumineuses des chevaliers de Godefroy de Bouillon car le texte original du Tasse a presque fini par être moins connu que ses innombrables transpositions musicales ou figurées.