Italie
Florence a indéniablement gagné la lutte qui, dès le Duecento (notre xiiie siècle), a opposé les différents centres artistiques italiens. Cimabue, Giotto, Masaccio, Lippi, Botticelli, Vinci… Ces quelques noms florentins suffisent à nous en convaincre.
Pourtant, une autre cité toscane a bien failli l’emporter : Sienne. Située non loin de Florence, la ville ocre a compté parmi ses rangs des peintres prestigieux, dont Duccio di Buoninsegna, « le » fondateur de la peinture siennoise (Duecento), Simone Martini, bien sûr, probable inventeur de la Madone d’humilité (Trecento), l’humaniste Francesco di Giorgio (Quattrocento), Sodoma (Cinquecento), Bernardino Mei (Seicento)… La liste est longue.
Enquête policière
Réédité par Actes Sud, Les Peintres de Sienne rend à tous ces artistes un hommage éminent. Le propos des auteurs est scientifique, quasi policier tant le travail de l’historien se confond parfois avec celui de l’enquêteur. Convoquant les documents d’époque, étudiant les réseaux d’influences, retraçant l’histoire des attributions, assignant les thèses les plus abouties, les trois historiens d’art compilent le savoir le plus actuel sur la peinture de la petite cité italienne. Bref, il n’existe peut-être pas d’histoire plus complète.
Ainsi Duccio (1255 ?-1319) a-t-il été l’élève de Cimabue, « presque une créature » du Florentin, écrivit Roberto Longhi en son temps. Mais il s’en est démarqué par la synthèse qu’il a réalisée des formes byzantines et gothiques. Si les premières ont circulé grâce au commerce des textes miniaturés, les
secondes ont probablement été admirées dans la basilique Saint-François d’Assise pour laquelle Duccio a œuvré. Résultat : le style du Siennois révèle une humanité et une tendresse nouvelle en peinture.
Quant à la restauration de La Maestà de Simone Martini (1280 ?-1344), peinte pour le Palais public de Sienne en 1313-1315, elle a révélé l’emploi d’un matériau inhabituel dans l’exécution d’une fresque.
Simone a intégré dans le cartouche tenu par le Christ enfant une véritable feuille de papier recouverte d’encre véritable. Faut-il y voir la naissance du « collage » en peinture ?
Et que dire de l’intuition d’Ambrogio Lorenzetti (1290-1348) qui, s’il était allé au bout dans son Annonciation de 1344, aurait inventé la perspective mathématique, bien avant les Florentins ! Et Sienne de marquer le premier point. Mais c’est déjà réécrire l’histoire.
G. Chelazzi Dini, A. Angelini, B. Sani, , Les Peintres de Sienne, Actes Sud, 472 p., 379 ill., 120 € (prix de lancement).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La grande histoire de la peinture de Sienne
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°586 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : La grande histoire de la peinture de Sienne