Tourner les pages de cet ouvrage revient à feuilleter une histoire de l’art, mais à l’envers. Louis Cane est entré en peinture au début des années 1960, avec le mouvement Support surface. En 1967, il tend des draps qu’il tamponne « Louis Cane, artiste peintre », avec la rigueur attachante d’un malade. Un geste de dérision qui cache aussi une fierté corporatiste.
Dès 1970, l’artiste retrouve ses pinceaux, la peinture, la toile. Cette fois-ci, il découpe ses monochromes qu’il fixe au mur ou dépose sur le sol, c’est selon. En 1977, lignes et courbes apparaissent, architecturant la toile à la manière d’un Pierro Della Francesca. Les toiles retrouvent leurs châssis ; la peinture peut regagner ses figures. D’abord des femmes accroupies. Elles mettent bas comme des bêtes. Puis, leurs cheveux poussent. Elles se coiffent. Alors, Cane leur peint un bouquet d’iris. Nous sommes en 1989.
Voilà les raisons de l’anathème. Cet « artiste peintre français » a trahi pour des fleurs. Pire, il a copié les maîtres. Impardonnable coquetterie pour qui a participé à l’aventure de l’art contemporain.
Riche de 500 illustrations, ce pavé (dans la mare ?) rend justice à Louis Cane, éclairant la loyauté de son œuvre. Car s’il est coupable, c’est de jouissance. Qu’on se le dise.
Jacques Henric, Louis Cane, Ann Hindry Royer, Jean-Luc Chalumeau… Louis Cane 1963-2005, éditions de La différence/Galerie 14 Paris, 456 p., 90 €.
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La critique, Cane s'en tamponne !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : La critique, Cane s'en tamponne !