Le 9 mars 2017, le tribunal de grande instance de Paris juge que la sculpture en porcelaine Naked réalisée par Jeff Koons en 1988 est bien une contrefaçon de la photographie Enfants de Jean-François Bauret, qui représente deux enfants nus, réalisée dix-huit ans plus tôt.
La veuve du photographe, décédé le 2 janvier 2014, obtenait ainsi gain de cause et Jeff Koons était condamné à verser 20 000 euros aux ayants droit du photographe et plus de 20 000 euros de frais de justice. Un an plus tard, la monographie que Gabriel Bauret consacre à son frère aîné Jean-François n’évoque à aucun moment le jugement. Elle s’arrête à son décès et au dépôt d’une partie de ses archives au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône. Car il s’agit avant tout, pour l’auteur, de raconter autant le parcours de Jean-François Bauret, connu pour ses portraits de nu pour la publicité, que d’élargir la vision trop réduite que l’on peut en avoir. Dans cette entreprise, la première du genre, l’ouvrage s’avère instructif par le large panorama inédit de photographies mais surtout par le texte de Gabriel Bauret, auteur par ailleurs référencé pour ses expositions et ouvrages sur la photographie. Si ce dernier a été un témoin privilégié de la vie de Jean-François Bauret, il ne se positionne néanmoins pas sur ce terrain. Aucune déclinaison du texte à la première personne. Il s’agit de décrypter la démarche photographique. Et par le début, autrement dit par l’héritage du père, amateur d'art, qui a formé « son esprit, sa sensibilité à l’égard de l’art en général et de la peinture en particulier. Jean-François Bauret ne s’est jamais éloigné de la peinture, ne serait-ce qu’en partageant sa vie avec une artiste [NDLR : la peintre Claude Allard] ».
Les reportages photo dans l’atelier de Bram Van Velde, André Lanskoy, Jacques Villon ou de la jeune Geneviève Asse, amis du père, inscrivent les premiers portraits. La rencontre avec Andrée Putman, grâce à son père, élargit le cercle à Pierre Alechinsky, le voit aussi collaborer au magazine L’Œil, puis à Elleà l’invitation de Peter Knapp, directeur artistique de la publication. Ce sont les campagnes publicitaires réalisées dans les années 1960-1970 qui ont surtout participé à sa renommée. Celle de la marque de sous-vêtements pour homme Sélimaille (1970) notamment, montrant un homme nu de profil. L’image provoqua la polémique, à l’instar de la femme enceinte nue avec sa petite fille photographiées pour Materna, dans le même style dépouillé, noir et blanc sur fond neutre. La représentation du nu tient une place importante, les portraits tout autant, et avec cette même liberté respectueuse de la personne photographiée. Dans sa préface, Claude Nori, éditeur de l’ouvrage et ami de Jean-François Bauret, le raconte à sa manière dans une tonalité vive plus que nostalgique.
Jean-François Bauret
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Jean-François Bauret mis à nu (ou presque)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Jean-François Bauret mis à nu (ou presque)