Ivan Messac

Quoique publié dans la simultanéité de son exposition cet été au centre d’art contemporain Passages de Troyes, l’ouvrage de Thierry Dufrêne consacré à Ivan Messac est bien plus qu’un simple catalogue. Véritable traversée dans l’œuvre de l’artiste, il s’offre à voir comme l’énonce le titre sous la forme d’un puzzle visant à rendre compte de la façon dont se constitue un style. « Un artiste a plusieurs vies », note d’emblée l’auteur comme pour prévenir du caractère « polyphonique » du travail de Messac. D’une aventure picturale conduite dans la foulée d’une figuration narrative qui ne se prive pas d’engagement politique, Messac a orienté par la suite ses recherches sur le terrain d’une sculpture formaliste, jouant et déjouant les pièges de la troisième dimension, pour se développer finalement dans une relation plus étroite avec la figure humaine. Tout à la fois emblématique de l’histoire d’un artiste confronté aux humeurs d’une scène artistique particulièrement agitée et de celle d’un homme face aux interrogations de son époque, l’œuvre de Messac est riche d’investigations plastiques les plus diverses. L’ouvrage de Dufrêne – dont la maquette rend parfaitement compte de la liberté de création qui règle la démarche Messac – tente au bout du compte de bien mettre en évidence à quelle « réflexion ouverte sur l’art » celle-ci est tout entière vouée. Du peintre au statuaire, en passant par le dessinateur et l’écrivain, Ivan Messac développe une œuvre complexe qui cultive références et dialogues ; le risque qu’elle présente de paraître impertinente est très vite absorbé par ce qui en fait la trajectoire : le refus d’être enfermée dans une quelconque catégorie et la volonté de rendre à la sculpture sa capacité à la parole, voire à la parabole.