« Qui oserait dire qui Garouste affronte, et pourquoi ? » La question que pose Pierre Cabanne dans la nouvelle monographie qu’il vient de signer est cruciale. Elle signale d’emblée la nature même de la quête du peintre, une quête métaphysique portée par la confrontation avec les grands textes de l’humanité et ses mythes mémoriaux.
On a dit de Garouste qu’il avait redoré les lettres de noblesse d’une peinture cultivée. C’est vrai et l’ouvrage de Cabanne le fait voir en analysant comment Garouste « a pris le mythe pour ce qu’il contenait de vertu, à commencer par celle qui, depuis des siècles, invite l’homme à réfléchir, par le mécanisme des retours, sur les éternelles questions qui le hantent, l’interrogation devant l’être, la nature, la mort, la recherche de Dieu, la poursuite de l’amour. » Paraphrasant le peintre, auteur en ses débuts d’une pièce de théâtre sur le thème « Le classique et l’indien », le critique s’interroge : « le classique, ou l’indien ? ». Si ce changement prépositionnel n’a l’air de rien, il est tout parce qu’il qualifie l’alternative existentielle qui est celle de l’artiste et le grand écart qui le déchire. On ne se frotte pas à des monuments comme La Divine Comédie, le Qohélet, Le Quart Livre ou Don Quichotte, à des sujets comme Orion, Sainte Thérèse d’Avila, les Droits de l’Homme ou saint Georges et le Dragon sans en être, par-delà l’acte pictural, profondément bousculé. C’est d’ailleurs ce qui autorise encore Pierre Cabanne à écrire : « Garouste introduit dans ses toiles le doute, le trouble, l’énigme, et n’évite, puisque la vérité se dérobe, ni l’illusion, ni le mensonge, dont il est assuré qu’avec la peinture ils ne font qu’un. »
Pierre Cabanne, Gérard Garouste, éd. Expressions contemporaines, 232 p., 290 F, ISBN 2- 909166-07-0.
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Gérard Garouste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°519 du 1 septembre 2000, avec le titre suivant : Gérard Garouste