Jean-François Staszak est géographe. Il fait le tour de la planète Gauguin sans jamais chercher à se déguiser en historien de l’art, et c’est ce qui rend son livre passionnant. Gauguin s’empare des rêves géographiques de sa génération, il y a en lui du Jules Verne, du Pierre Loti, du lecteur du Journal des Voyages, fasciné par l’aventure coloniale et les Expositions universelles. Mais ce livre se veut aussi une cartographie des mondes intérieurs de l’artiste, exercice périlleux, abordé ici de manière stimulante, et où les œuvres prennent place comme des massifs et des rivières. Staszak habite le continent du peintre avec un enthousiasme et un bonheur communicatifs. Il parle de « franchissements » et de « limites », et remarque avec finesse que « Gauguin aurait choisi un autre lieu, l’histoire de l’art n’en serait peut-être pas changée, celle de Tahiti plus probablement ». C’est pourquoi un dernier chapitre traite de la géographie actuelle de Gauguin : son monde, lié au développement touristique du XXe siècle, est devenu un objet de curiosité pour le géographe.
La boucle se referme ainsi : né d’une rêverie d’enfant amoureux de cartes et d’estampes, le mythe de Gauguin inspire, avec beaucoup de romantisme, les voyageurs qui aujourd’hui suivent ses pas jusqu’aux Marquises.
Jean-François Staszak, Géographies de Gauguin, Bréal, 2003, 256 p., 28 euros.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Géographies de Gauguin
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°553 du 1 décembre 2003, avec le titre suivant : Géographies de Gauguin