Les éditions Phaidon poursuivent la traduction de leurs ouvrages sur les mouvements contemporains avec « Minimalisme » et « Art et Féminisme ».
La collection « Thèmes et mouvements » des éditions Phaidon s’enrichit de nouveaux titres avec
Minimalisme et Art et Féminisme. 204 pages et près de 300 reproductions essentiellement en couleurs, pour 49,95 euros chacun, mais un regret réitéré : les éditions originales de langue anglaise comportent des anthologies chronologiques très précieuses, et plus que jamais pour ces titres, mais qui manquent toujours à ces versions françaises. Les artistes (Donald Judd, Dan Flavin, mais aussi Robert Morris, Mel Bochner, Robert Smithson) ont dit presque autant que fait le minimalisme par des articles et entretiens (l’auteur le rappelle en introduction), alors que le féminisme est porté, c’est l’une de ses gloires, par des débats intellectuels intenses. Dommage, d’autant que ces deux livres demeurent en somme indispensables ! Indispensables, mais pour des raisons bien différentes cependant. Minimalisme est construit sur une perspective scrupuleuse mais très resserrée : une histoire exclusivement américaine du minimalisme strictement conçu, tracée depuis les premiers jalons, dès 1959 avec la peinture de Stella et de Ryman, puis les étapes de 1965 et 1966 avec l’exposition Primary Structures au Jewish Museum à New York, jusqu’à la fin des années 1990 avec du Dan Flavin et du Donald Judd tardif. Une rigueur qui tend à mettre au second plan tant les ancrages historiques que les conséquences ou les effets du minimalisme. Au risque de négliger l’apport de celui-ci à l’histoire des formes et à la conception contemporaine de l’œuvre d’art (la production mécanique de l’œuvre, par exemple), sensible bien au-delà du seul minimalisme historique. Le parcours historique de James Meyer, critique à Artforum et universitaire, qui offre en introduction les pistes d’une généalogie du minimalisme, et les choix d’œuvres et de documents sont articulés sur l’histoire des expositions elles-mêmes : c’est là un second axe de lecture du volume.
Parce qu’il définit lui-même les frontières de son sujet, Art et Féminisme est plus aventureux.
Il y est question non pas d’art féministe mais des relations entre les arts et les transformations culturelles qui tentent de faire bouger dans les mentalités « la différence des sexes comme catégorie fondamentale de notre système culturel », comme le note Peggy Phelan, auteure et universitaire américaine, dans l’essai qui ouvre le livre. Artistes féministes, artistes femmes et représentation des femmes dans l’art se croisent au long des pages pour dessiner les histoires parallèles de certaines artistes (de Louise Bourgeois à Adrian Piper, de Zoe Leonard à Orlan, en passant par Mona Hatoum ou Judy Chicago) et du mouvement et des enjeux du féminisme. Ne réduisant jamais les œuvres à un discours exclusif, les chapitres montrent des pièces souvent peu vues, formellement très diverses (performances, peinture, photo…) et des plus puissantes. Une chose encore : la perspective reste « américano-centrée » : le travail reste à faire pour un regard plus européen : Hazan a programmé un tel volume, que l’on attend !
JAMES MEYER, MINIMALISME, ISBN 0-71489-435-4 ; PEGGY PHELAN, HELENA RECKITT, ART ET FÉMINISME, ISBN 0-71489-434-6. Chacun : éditions Phaidon, collection « Thèmes et mouvements », 2005, 204 p., près de 300 ill. couleurs et n&b, reliés, 49,95 euros.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°218 du 24 juin 2005, avec le titre suivant : Fort en thème