Exciter la curiosité

Lorsque Adalgisa Lugli a publié son Naturalia et Mirabilia en 1983, peu d’ouvrages avaient tenté une synthèse de l’histoire de ces collections singulières réunies dans les cabinets de curiosités, qui alliaient œuvres d’art au sens contemporain du terme et “bizarreries” issues de la nature. L’auteur se situait pourtant pleinement dans le prolongement des études que Julius von Schlosser avait menées au début du siècle sur les Wunderkammern. Ce livre, surtout illustré en noir et blanc, propose une histoire de ces collections éclectiques, ancêtres de nos musées, qui cultivaient souvent l’étrange, trouvant leur fondement à la fois dans une pensée encore imprégnée par les mythes du Moyen Âge et dans une nouvelle conception du rapport de l’homme à la nature induite par la Renaissance. Avant sa mort en 1995, Adalgisa Lugli avait organisé pour la 42e Biennale de Venise, en 1986, une exposition qui explorait les liens entre Wunderkammern et création contemporaine. En France, au début des années quatre vingt dix, Jean-Hubert Martin a choisi un thème similaire pour un ensemble de commandes à des artistes destiné au château d’Oiron, où une visite s’impose après la lecture de l’ouvrage fondateur de Lugli.