Etel Adnan, une vie de poète

Etel Adnan vécut, en effet, en créatrice : à travers les vers de celle qui fut aussi peintre, sous nos yeux et dans notre oreille, le monde se recrée – la mer, le soleil, la nuit, le firmament, l’amour et les drames de la vie humaine et ses combats. Présenté par le philosophe Yves Michaud, qui publie conjointement aux éditions Gallimard un essai consacré à son œuvre picturale et littéraire (Etel Adnan, les anges, le brouillard, le palais de la nuit), le recueil des poésies d’Etel Adnan rassemble des textes jusqu’alors dispersés ou inédits, écrits entre 1947 et 1997. Il nous donne de découvrir les rythmes, le souffle lumineux, l’engagement politique de celle qui, née au Liban d’un père syrien-ottoman (turc) et d’une mère grecque de Smyrne, éduquée par des religieuses françaises à Beyrouth avant d’étudier et vivre à Paris et aux États-Unis, n’eut pas vraiment de langue natale. La langue qu’elle réinvente, le monde qu’elle évoque, empruntent aux philosophes présocratiques, aux poètes arabes soufis, aux romantiques allemands et français, aux poètes américains du XIXe siècle et du XXe siècle. Sublime.