Trois ouvrages reviennent sur la carrière internationale de l’architecte italien Renzo Piano.
La confrontation est saisissante : d’un côté, un mastodonte de 528 pages enserrées dans un format XXL de 308 x 390 mm ; de l’autre, un Petit Poucet de 336 pages calées dans un format de poche de 160 x 160 mm.
Le premier, publié chez Taschen, est la somme de l’œuvre de Renzo Piano analysée par un Philip Jodidio au sommet de sa forme. Le deuxième, chez Phaidon, explore seulement une partie de l’œuvre, mais l’exploration est menée par Piano lui-même. À ces deux ouvrages s’en ajoute un troisième, établi par Peter Buchanan, chez Phaidon encore, de format intermédiaire, relevant moins du livre d’images que du catalogue raisonné et qui constitue le premier tome d’une trilogie. Bref, en ce printemps 2005, Renzo Piano est célébré par un tir groupé qui salue l’œuvre et l’homme, et donne la mesure de leur importance sur la scène architecturale internationale.
L’œuvre de Piano est d’une complexité et d’une simplicité, d’une densité et d’une légèreté incomparables. Et de cela les trois ouvrages témoignent abondamment. Piano lui-même : « La légèreté d’une chose va de pair avec la sincérité de l’intention. »
Les trois ouvrages soulignent la difficulté à définir une « écriture » propre à l’architecte, tant sa manière, ses manières varient d’une réalisation à l’autre. Ce que l’architecte lui-même confirme, expliquant que de Gênes à New York, de Berlin à Tokyo, d’un stade à un immeuble de logements, d’un auditorium à un siège social les situations sont multiples, plurielles, et qu’il convient d’y adapter son expression. Certes, mais à feuilleter les pages de ces trois livres et à se remémorer les lieux en question, il apparaît évident que le Centre Pompidou à Paris, le centre culturel Jean-Marie-Tjibaou à Nouméa, la Menil Collection à Houston, la Fondation Beyeler à Riehen (près de Bâle), le Musée Paul-Klee à Berne ou encore la galerie d’art Giovanni et Marella Agnelli, juchée sur le toit du Lingotto à Turin, procèdent tous de la même vision, de la même tension, de la même expression. Six lieux parmi tant d’autres, mais qui sont un parfait condensé, un parfait résumé de l’œuvre d’un immense architecte dont la singularité absolue s’accommode fort bien de l’adéquation au programme, de la spécificité du propos, de la nature du topos, de la variation d’échelle, du sens et de la symbolique.
Élégantissime
À 67 ans, Renzo Piano ressemble idéalement à ses architectures : vif, élancé, le regard tour à tour velouté ou acéré, le sourire charmeur ou carnassier. Italianissime, élégantissime, intelligentissime… superlatif Renzo Piano.
Ce tir groupé orchestré par Phaidon et Taschen confirme, s’il en était besoin, que Piano fait bien partie de ce club informel, et pourtant très fermé, qui réunit au panthéon de l’architecture ceux dont on pressent, dont on croit, dont on sait qu’ils passeront à la postérité.
- Philip Jodidio, Piano par Philip Jodidio, Taschen, 2005, 528 p., 99,99 euros, ISBN 3-8228-5768-8 - Renzo Piano, Un tour d’horizon avec Renzo Piano, Phaidon, 2005, 336 p., 29,95 euros, ISBN 0-7148-4341-5 - Peter Buchanan, Renzo Piano Building Workshop, volume 1, Phaidon, 2005, 240 p., 75 euros, ISBN 0-7148-3898-5
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Éloge de la légèreté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°216 du 27 mai 2005, avec le titre suivant : Éloge de la légèreté