Prière d’insérer

De l’actualité du romantisme

Par Pierre Pons · L'ŒIL

Le 27 mai 2013 - 489 mots

Notre époque se sentirait-elle une âme romantique ? L’abondante actualité éditoriale autour de ce vaste mouvement d’idées et de sensibilités apparu en Europe à la fin du XVIIIe siècle, certes attachée au calendrier des grandes expositions – « De l’Allemagne » au Louvre et « L’ange du bizarre » chez son voisin le Musée d’Orsay –, pourrait bien en être le signal.

C’est, admet Maria Teresa Caracciolo en préambule de son dernier livre [« Le » Romantisme, Citadelles & Mazenod, 448 p., 320 ill., 189 €], que « tant d’aspects du romantisme sont en effet encore actuels et à même d’inspirer les jeunes créateurs »… Si l’auteure, chargée de recherche au CNRS, ne dit rien des créateurs auxquels elle fait allusion, elle dresse les contours de ces « aspects » dans un texte générique qui ne se veut ni une histoire du romantisme ni une (énième) tentative de définition du terme, mais une introduction à ce mouvement intellectuel centré sur l’homme et qui, emmené par Friedrich, Goethe et d’autres, entendait synthétiser l’art, la science et la religion.

Voulant montrer l’ambition collective du romantisme, Maria Teresa Caracciolo multiplie les références, les citations, convoque peintres et poètes, allemands et anglais, italiens et français. Citant Blake : « Je ne demande à mon œil corporel […] rien de plus que je ne demanderais à une fenêtre […]. Je regarde à travers lui, et non par lui. » Mais aussi Baudelaire : « Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. » Au lecteur donc de « sentir » « le » romantisme sous la plume de Caracciolo, ce qu’il parvient à faire sans difficulté grâce à une langue enlevée et aux nombreuses et superbes reproductions en couleurs qui illustrent le texte.

Ne nous y trompons pas pour autant : « Le » Romantisme n’est pas une histoire de la peinture romantique ; « Pour mener à bien une telle entreprise, nous dit la chercheuse, la collaboration de plusieurs auteurs aurait été indispensable. » Elle ne verra donc pas d’objection à renvoyer, ici, le lecteur à la réédition en poche [Flammarion, « Champs arts », 14 €] de la Naissance de l’art romantique de Pierre Wat, historien de l’art et contributeur de L’œil.

Chez Pierre Wat, le propos est plus resserré dans son champ technique (la peinture) et géographique (l’Allemagne et l’Angleterre), ce qui lui permet de s’approcher au plus près du « projet » romantique. Le texte, issu d’une thèse, est aussi plus technique, mais il ne reste pas moins accessible, sinon essentiel pour comprendre cette ambition plurielle d’un art nouveau au service d’un monde nouveau. « Le romantisme est une "structure mentale collective", dit ailleurs Pierre Wat [catalogue De l’Allemagne, Hazan, 436 p., 4 €], dont l’axe organisateur est "l’opposition au monde bourgeois moderne". » Quand on vous disait que le romantisme était encore « actuel » !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°658 du 1 juin 2013, avec le titre suivant : De l’actualité du romantisme

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