De nouveaux ouvrages ouvrent les portes d’hôtels particuliers, de palais et villa à Paris, Beyrouth et Rome.
Les hôtels de Besenval, de Beauharnais, de Charost, de Pontalba, Lafont de La Vernède, de Lota, de Lévy ou de Marlborough : ces demeures historiques parisiennes transformées en résidences d’ambassadeur sont des lieux patrimoniaux habituellement fermés au public. Les éditions Flammarion nous ouvrent aujourd’hui les portes d’une vingtaine d’entre elles. Servi par une iconographie abondante, chaque chapitre décrit les caractéristiques architecturales et le décor du lieu, après un rappel historique de sa construction. L’excursion démarre avec le Quai d’Orsay, bâti le long de la Seine de 1844 à 1853 sur les plans de Jacques Lacornée, déjà auteur du palais d’Orsay, dans le style éclectique du Second Empire. Se dévoilent ensuite au fil des pages des demeures d’une grande variété : l’hôtel d’Estrées au décor clinquant Napoléon III, où réside l’ambassadeur de Russie ; l’hôtel de Rouvre, mélange des genres de la Chine traditionnelle et de l’architecture française, ou encore la résidence de l’ambassadeur d’Australie, sans doute la plus originale. Cet édifice a été construit quai Branly dans les années 1970 par Harry Seidler, qui a imaginé de grandes baies vitrées offrant une vue imprenable sur la Seine, le Palais de Chaillot et la tour Eiffel. La visite tourne parfois à la caricature lorsqu’elle s’attarde longuement sur l’art de la table. Des clichés soignés de mets pompeusement mis en scène viennent commenter des légendes trop descriptives. Le lecteur ne s’y trompera pas, cet ouvrage est aussi une ode à la diplomatie française.
Façades sculptées
Autre lieu prestigieux, particulièrement convoité par les responsables culturels et politiques français, la Villa Médicis accueille en résidence romaine des écrivains, historiens de l’art et artistes français dûment sélectionnés. Reconstruite par le cardinal Ferdinand de Médicis au XVIe siècle, devenue siège de l’Académie de France à Rome, elle est accessible au public depuis une trentaine d’années. Le romancier et essayiste Dominique Fernandez, associé au photographe Ferrante Ferranti, proposent aujourd’hui de revenir sur quelques-uns des plus beaux éléments de la villa. Ils redécouvrent les chambres d’apparat, les appartements privés, salons et ateliers : ils attirent l’œil sur les détails des façades sculptées, les statues antiques qui peuplent les jardins ; ils n’oublient pas d’évoquer les personnalités qui ont marqué les lieux de leurs empreintes créatrices, Antoine Coypel, Corot, Ingres, Berlioz, Debussy ou Balthus. Le parcours s’achève sur une vision moderne de cet endroit historique, avec une vue du torrent de zinc installée par Beatrice Caracciolo dans le cadre de l’exposition « Tumulti » qui y était organisée l’hiver dernier. Preuve que la Villa Médicis est devenue, selon Dominique Fernandez, « un lieu de circulation, de croisement et d’échanges », concluant : « la Belle endormie s’est réveillée ».
La même équipe éditoriale (les éditions Philippe Rey, Dominique Fernandez, Ferrante Ferranti et un deuxième photographe en la personne de Mathieu Ferrier) s’est réunie pour concocter dans la même série que la Villa Médicis un livre consacré, cette fois, au palais Sursock, à Beyrouth. Édifié entre 1850 et 1860 par Moussa Sursock, le palais de style traditionnel libanais est constitué d’une vaste demeure ouverte sur des jardins luxuriants. Témoin de l’épopée familiale des Sursock, d’origine byzantine, havre de paix au milieu d’une zone urbaine de plus en plus dense, il rend compte d’une richesse culturelle que des années de guerre au Liban ont anéantie.
Demeures historiques. les résidences d’ambassadeurs à Paris, par Alain Stella et Francis Hammond (photographies), éditions Flammarion, 376 p., 85 euros, ISBN 978-2-0812-2962-4
Aux éditions Philippe Rey, Paris, 2010 : Villa Médicis, par Dominique Fernandez et Ferrante Ferranti (photographies), 160 p., 45 euros, ISBN 978-2-84876-168-8
Palais Sursock. Beyrouth, Dominique Fernandez, Ferrante Ferranti et Mathieu Ferrier (photographies), 49 euros, ISBN 978-2-84876-175-6.
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Dans le secret des lieux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : Dans le secret des lieux