Daniel Cordier, mémoires d’un amateur d’art

Il retrace, de 1946 à 1977, le destin singulier de celui qui, après avoir été secrétaire de Jean Moulin, entame une vie de collectionneur puis de galeriste. Après un coup de foudre pour une aquarelle d’Henri Michaux et une révélation pour de Staël, viendront Dewasne, Hartung, Villon, Matta, Rauschenberg, Nevelson ou les surréalistes. L’amateur d’art les exposera dans sa galerie du 8, rue de Duras, ouverte avec les gouaches et dessins de Claude Viseux. Son enthousiasme pour Jean Dubuffet, rencontré en 1952, est douché par l’accueil tiède de ses collectionneurs. L’auteur ne cache pas ses doutes, les difficultés du métier de galeriste, ses relations parfois compliquées avec les artistes, surtout quand l’argent est en question. « C’était un véritable combat pour faire aimer Dubuffet en 1956, Réquichot ou Fahlström en 1960. Il ne s’agissait pas seulement de contempler d’admirer ou d’expliquer pacifiquement mais […] de clamer que l’œuvre apportait une perspective nouvelle dans l’histoire de l’art. » Dubuffet est l’autre grand protagoniste de cet ouvrage complété d’une biographie inédite du peintre écrite à sa demande par Cordier. La reproduction de lettres échangées entre les deux hommes témoigne de leur relation passionnée. Celle-ci prendra fin avec la décision de Dubuffet de ralentir sa production et donc ses ventes, entraînant la fermeture de la galerie en 1962. Cordier entame alors deux tours du monde pour écrire une histoire de l’art puis s’implique dans la création de Beaubourg.