C’est en écrivain et en ami que Claude Roy écrit sur Balthasar Klossowski de Rola, dit Balthus. "Celui qui se tient à l’écart, ceux dont il s’écarte inclinent à s’écarter, ne voulant pas être en reste, ne sachant plus très bien qui a commencé. Balthus traverse son siècle délibérément en marge, à tel point que, de son temps, certains l’auront cru anachronique." Le décor est planté, mais l’auteur revient souvent, avec un grand sens de la stratégie, sur la marginalité, sur les obstacles dressés au beau milieu du chemin de la compréhension de l’œuvre de Balthus, mal accepté par les modernistes.
"Le travail de Balthus dément avec éclat l’idée plate que la figuration serait forcément monotone parce que la réalité serait monocorde", écrit l’auteur, qui insiste avec raison sur ces lieux que l’on croyait communs et qui, au contraire, nécessitent encore et toujours qu’on les revisite afin d’en extirper la bêtise. Claude Roy ne contourne pas l’obstacle, et son hommage, qui a le ton convenablement emporté que l’on doit à ses amis, va droit au but. "Magicien de l’ordinaire", "peintre de la sensualité radieuse", Balthus est assurément un être d’exception que Roy, à bon droit, compare au général de Gaulle : même caractère ombrageux et semblable orgueil exigeant, qu’ils mirent dans leurs œuvres comme dans la conduite de leur vie.
Claude Roy, Balthus, éditions Gallimard, 272 p., 450 F jusqu’au 30 juin, 560 F ensuite.
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Claude Roy, Balthus
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Claude Roy, <em>Balthus</em>