Christine Shimizu est un auteur particulièrement prolifique, cet automne. Non seulement elle est commissaire de l’exposition « Cordes de feu, mille ans de céramique japonaise à Bizen » actuellement présentée au Musée de Sèvres, où elle est conservateur, mais elle publie deux ouvrages, l’un embrassant tous les arts au Japon, l’autre consacré à la représentation féminine.
Avec L’art japonais, Christine Shimizu offre un panorama complet, abondamment documenté, au découpage chronologique allant de la préhistoire à la modernité, et traitant de peinture, de sculpture, d’architecture, des arts décoratifs… Une somme. Son second livre a une approche beaucoup plus inédite : la représentation féminine, d’autant plus intéressante que le portrait féminin, au sens occidental du terme, n’existe pas dans l’archipel. Longtemps, la représentation féminine se limite à deux aspects : les portraits imaginaires de poétesses célèbres et les figures anecdotiques de femmes du peuple. Aux XVIe et XVIIe siècles, elle occupe une place plus importante, mais seuls certains types de femmes sont concernés, comme celles des quartiers de plaisirs (Gion, Yoshiwara…). Mais, par pudeur et par autocensure, les mêmes impératifs de description subsistent. Les contours du visage ne visent aucun réalisme morphologique, ne cherchent pas à révéler une profondeur psychologique : le visage est idéalisé, voire stéréotypé, même si les noms des modèles sont parfois inscrits sur les estampes. Ainsi, le portrait de la bien-aimée ou la représentation de scènes d’amour n’existent pas. Les charmes sont suggérés plutôt que décrits, l’érotisme est subtil, l’artiste a recours à la symbolique des paysages ou des saisons pour évoquer et non figurer. Il n’est pas étonnant que le nu soit très longtemps exclu. Il faut attendre le début du XVIIe siècle pour qu’apparaissent quelques femmes dénudées, mais à travers le thème du bain. Cependant, une pose de trois quarts permet d’échapper à la représentation du buste. Voulant intégrer un véritable nu dans une peinture, Utamaro se heurte à des difficultés techniques qu’il ne maîtrise pas. Christine Shimizu rappelle le scandale provoqué en 1894 par le nu de Kuroda Seiki, qui avait représenté une étrangère de surcroît. Généralement, le corps disparaît sous des étoffes chamarrées qui révèlent les goûts et les modes comme les coiffures ou le maquillage. “La peinture des femmes est étroitement associée à l’idée d’une beauté idéale dont la parure constitue un élément essentiel”.
Christine Shimizu, Femmes du Japon, Peintures de beauté, Imprimerie nationale, 248 p., 150 ill., 450 F. L’art japonais, Flammarion, 480 p., 450 ill., 750 F.
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Christine Shimizu : « Femmes du Japon, Peintures de beauté »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°45 du 10 octobre 1997, avec le titre suivant : Christine Shimizu : « Femmes du Japon, Peintures de beauté »