Photographe, mais aussi sculpteur et écrivain, Brassaï consacra de longues heures de ses dernières années à lire et relire À la recherche du temps perdu. En est résulté cet essai alerte sur l’influence de la photographie sur l’écriture de Marcel Proust.
Les exégètes de Marcel Proust ont bien remarqué le rôle que l’image photographique tenait dans la vie et l’œuvre de Marcel Proust mais, à l’instar de Painter, le tenaient généralement pour négligeable. Il fallait un photographe, qui rendit compte de Paris avec une précision insolite, pour réexaminer de plus près cette question et décrire les relations parfois complexes que la photographie induit dans le cours de La Recherche. Brassaï a parcouru et reparcouru le long fleuve Proust dans ses moindres méandres avant d’acquérir la conviction que, dans l’exploration de la mémoire, les images fixées par la gélatine constituaient des étapes essentielles.
Dès son enfance, Marcel est un habitué des studios et se livre toute sa vie durant à des échanges de portraits auxquels il attache une importance plus rituelle que fétichiste. Ce qui ne l’empêche pas de céder à la fièvre quand il s’agit de personnes aimées, au premier rang desquelles figure sa mère. Au-delà des anecdotes dont la correspondance est émaillée, Brassaï rassemble les éléments qui pourraient constituer une théorie proustienne de la photographie et de l’instantané. Mettant en doute, avec raison, la validité d’un rapprochement avec le cinéma (Proust est “homme de discontinuité”), l’auteur révèle du même coup les limites de ses intuitions. Le dialogue avec Henry Miller ou Picasso donnent à celles-ci un autre poids, comme on pourra le constater dans les deux volumes consacrés au premier et dans les Conversations avec Picasso que rééditent en même temps les éditions Gallimard.
Brassaï, Marcel Proust sous l’emprise de la photographie, éditions Gallimard, 182 p., 110 F. ISBN 2-07-074979-7.
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Brassaï : « Marcel Proust sous l’emprise de la photographie »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : Brassaï : « Marcel Proust sous l’emprise de la photographie »