C’est un livre qui rassure. Par son épaisseur et son poids – ceux de l’étude, de la science et de la rigueur.
Par sa lente gestation qui échappe à la tyrannie de l’événement ; distinction d’autant plus saillante que ce catalogue raisonné des sculptures grecques de l’époque impériale, conservées par le Musée du Louvre, paraît alors que les salles de la même institution célèbrent éphémèrement la « naissance de la Grèce moderne ». Troisième volume réservé aux sculptures grecques du Louvre, après les deux sommes consacrées par Marianne Hamiaux aux sculptures préhelléniques et grecques (1992) puis hellénistiques (1998), cette publication couvre la période impériale se déployant du Ier siècle avant notre ère jusqu’au IVe siècle après Jésus-Christ, soit de la chute d’Alexandrie au début de l’époque proto-byzantine. Succédant à l’ample introduction explicitant le mode de classement et dessinant une histoire de la collection, le catalogue proprement dit répertorie 547 statues – marbres majoritairement, mais aussi albâtres, calcaires ou serpentines – classées par provinces (Achaïe, Cyrénaïque, Thrace…) ainsi que par typologies (statuettes, têtes de statues, portraits…). La vastitude du corpus est ainsi à l’image de celle d’un empire s’étendant d’Athènes aux Cyclades, d’Alexandrie à Antioche, de la Grèce à l’Asie mineure. Servies par une splendide couverture photographique – offrant régulièrement des vues de l’œuvre sous toutes ses faces –, les notices sont irréprochables : un docte texte est accompagné de mentions techniques et bibliographiques ainsi que, parfois, d’un relevé des restaurations permettant, comme pour le Jupiter de Smyrne, d’approcher la singularité matérielle de ces sculptures dont l’intégrité est souvent une illusion, une superbe reconstitution. Sarcophages fastueux, stèles funéraires, divinités démembrées, corps en morceaux, fragments voluptueux et athlètes héroïques défilent sous nos yeux médusés par toutes ces beautés totémiques et lapidaires que cet ouvrage magistral contribue à rendre parfaitement inoubliables.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Beautés lapidaires du Louvre
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°749 du 1 décembre 2021, avec le titre suivant : Beautés lapidaires du Louvre