Audioguide de rêve

De GeoPoetic Society, GPS pointilliste à télécharger le long du parcours du Partage des Eaux en Ardèche, à L’Origine de la nuit, installation clôturant l’année France-Colombie, le genre permet de mélanger archives et compositions originales, documentaires et polyphonies, et il se décline dans tous les registres, du didactique au poétique.

Dernier exemple en date, Ce que le roi ne voit pas est à découvrir jusqu’au 18 février au château d’Oiron : le site du Centre des monuments nationaux a fait appel à un artiste, Pierre Redon (à l’origine des Marches sonores) pour concevoir une installation interactive utilisant une technologie (EyeDee de SuriCog) qui permet d’analyser en direct l’activité rétinienne. Si les mouvements des yeux peuvent guider le son, est-ce que cela change notre façon de regarder un tableau ? Question délicate. Pour y répondre, Pierre Redon a choisi la chambre du roi, dont les plafonds sont ornés de médaillons peints représentant des Fortunes légèrement vêtues. Le traitement ironique de ce thème baroque lui a inspiré trois récits décalés. L’expérience sensible qu’il propose tire parti de l’effet de spatialisation sonore : allongés sur des transats, les visiteurs peuvent éprouver la sensation, qui transcrit les mouvements de leurs yeux, d’aller et venir entre les instruments (violon, contrebasse, clavecin) associés à chacun des tableaux.

Réalité augmentée ou rêve éveillé, c’est surtout l’imaginaire qui se trouve stimulé par ces compositions mêlant musique originale et narration. Nourri de références à l’histoire (celles des possédées de Loudun, de Madame de Montespan) ou à l’actualité (les rituels magiques dans les filières de prostitution africaine), Ce que le roi ne voit pas est d’abord une invitation à un voyage mental déconcertant.