Ateliers d’artistes

Le profane se demande parfois à quoi peut bien ressembler ce lieu forcément plein de mystère où s’accomplit l’œuvre du peintre ou du sculpteur. Nul, en principe, n’est invité, à en franchir le seuil. Quel délice, pourtant, que ces parquets tachés de couleurs, ces empilements de châssis, ces esquisses tracées à la diable sur des tables encombrées de crayons, de fusains, de pastels. Ah, le parfum des ateliers d’artistes, mélange d’arômes d’huile de lin, d’essence de térébenthine, de siccatif de Courtrai... Les photographies de David Seidner les rendraient presque palpables, tant elles restituent avec clarté, fidélité, précision, ces univers privilégiés où évoluent, parmi d’autres, Francesco Clemente, Chuck Close, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Brice Marden, Cy Twombly... Bien sûr, le décor n’explique pas l’œuvre, et l’on est toujours surpris de constater l’extrême désordre de l’un (on se souvient d’avoir vu, ailleurs, le capharnaüm de Francis Bacon ou d’Alberto Giacometti), et la rigueur clinique de l’autre, sans qu’il existe nécessairement un rapport avec le « produit fini ». Contentons-nous simplement d’envier l’artiste qui peut disposer de son espace de travail à sa guise. Et admirons les magnifiques portraits en noir et blanc que Seidner a placé en regard des ateliers – en plan général, en détails, et en couleur. Un beau livre, indispensable à tout amateur de peinture contemporaine.