Le titre du catalogue de l’exposition à l’Institut du monde arabe était pourtant alléchant : Le Théorème de Néfertiti, itinéraire de l’œuvre d’art : la création des icônes [Sam Bardaouil et Till Fellrath, Ima/Skira, 290 p., 39 €], ou l’exploration des « mécanismes qui font de l’œuvre d’art un instrument d’icônes culturelles », abordée sous trois angles : « à travers le regard de l’artiste, dans le cadre muséal et enfin dans la sphère publique et les médias ».
Mais si l’idée de départ est intéressante et confirmée par l’analyse de l’histoire du buste de Néfertiti du sculpteur Thoutmôsis, ainsi que par l’examen de la perception d’artistes tels Mokhtar et Sabbagh par les Égyptiens eux-mêmes et les Occidentaux, on bascule rapidement dans une histoire de l’art égyptien moderne et contemporain. Après des chapitres trop succincts, viennent les fiches des œuvres exposées. On attend alors des analyses. Malheureusement, ces fiches reprennent mot pour mot les textes du catalogue sans rien enseigner de plus.
Il ne s’agit plus de décrypter et de comprendre comment une œuvre peut véhiculer plus que son état originel ne le prévoyait, mais bien plutôt de parler de l’art égyptien ou en lien avec l’Égypte : le rapport au propos initial nous échappe dans des œuvres telles que Le Salon courbé de Ghada Amer, les photos de Xenia Nikolskaya ou encore les sculptures de Bassem Yousri. On regrette que ne soient pas plus exploitées des œuvres comme Al-Burak I de Mohamad Saôid, qui interroge et met « à l’épreuve la crédulité du visiteur à accepter comme vrais des faits à partir d’apparences incontestées », car muséales. Si Néfertiti « est bien forcée d’admettre qu’elle a incarné bien davantage que ce que Thoutmôsis avait mis en elle au moment de sa création », il en est de même avec le catalogue qui promet plus qu’il ne dit. Dommage, car l’on se passionne pour la question première soulevée entre autres par l’étude de la controverse née de The Body of Nefertiti du duo d’artistes Little Warsaw : « L’appropriation et la recontextualisation du buste à laquelle se livre Little Warsaw (qui avait sculpté le corps présumé de Néfertiti et avait filmé l’apposition du buste sur le corps), en transformant cette icône isolée en une partie intégrante d’une nouvelle œuvre d’art, a donné au buste l’occasion de véhiculer de nouvelles significations 4 000 ans après avoir été créé par Thoutmôsis. »
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Anne Bony, Esprit du meuble et du design. L’évolution esthétique de l’Antiquité à nos jours
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Abonnez-vous dès 1 €Sam Bardaouil et Till Fellrath, Ima/Skira, 290 p., 39 €
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Anne Bony, Esprit du meuble et du design. L’évolution esthétique de l’Antiquité à nos jours