1648 Paix de Westphalie

La guerre de Trente Ans a-t-elle eu lieu ? Ce passionnant volume, issu d’un colloque international qui
s’est tenu au Louvre en 1998, ose poser la question. Aucun doute, pour les historiens, qui ont compris l’importance du traité signé en 1648 à Münster et à Osnabrück, qui mit fin aux combats, issus des discordes religieuses du XVIe siècle, qui ont enflammé et ensanglanté l’Europe pendant près de deux générations. Qu’en pensent les historiens de l’art ? Ils avancent immédiatement La Reddition de Breda de Vélasquez, commentée ici par Victor Stoichita  ou Les Malheurs de la Guerre de Jacques Callot, évoqués en introduction par Yves-Marie Bercé. Pourtant, la continuité de la production artistique, en particulier dans l’Europe allemande et nordique, pose bien des questions. Beaucoup d’artistes, comme le relève Jacques Thuillier, ont pu sembler indifférents à la guerre. Poussin, dans une lettre contemporaine de la paix de Westphalie, se plaint surtout d’un « dangereux rhume ».
Thomas Da Costa Kaufmann pose brillamment le problème. Trente ans de déclin économique, de pillages, de destructions de villes semblent n’avoir en rien affaibli le dynamisme de la création artistique, les combats de collectionneurs ou l’émulation des souverains mécènes. C’est donc un cliché tenace qui, avec ce colloque, vole en éclats. Dans la guerre rhétorique et religieuse qui se livrait en Europe, l’art fut une arme perfectionnée, dans les collections de Wallenstein comme dans celles de Richelieu. A côté des peintures de batailles, il fallait redécouvrir cette bataille des peintures.