Surréaliste et primitif
Yves Laloy naît à Rennes en 1920. Architecte de formation, il se tourne vers la peinture en 1950 et expose, dès ses débuts, dans les galeries surréalistes parisiennes. Cet artiste assez réservé, qui a fait l’objet en 2004 d’une grande exposition monographique au Musée des beaux-arts de sa ville natale, meurt en 1999 à Cancale.
Yves Laloy peint dans les années 1950, sur ses terres bretonnes, des tableaux géométriques, mais, en 1955, suite à des lettres d’injures adressées au préfet, le voilà contraint de quitter Rennes. Il délaisse alors carrière et famille pour parcourir l’Afrique du Nord à vélo, et notamment l’Égypte, où il finira emprisonné car pris pour un espion. Animé par un souffle mystique, cet électron libre part en 1961 pour les glaces de Terre-Neuve, devenant marin. À l’instar de son parcours aventureux, son art est difficile à classer. Associé au surréalisme, mouvement dont il ne s’est jamais revendiqué, même s’il fut vite adoubé par André Breton, le pape du surréalisme, Laloy, influencé tant par l’art occidental (Kandinsky, Klee, Herbin, Lurçat) que par les tableaux de sable des Indiens Navajos, réalise une peinture double, à la croisée du surréalisme et du primitivisme. D’un côté, il crée des compositions rythmiques, multipliant motifs géométriques, arabesques et tracés labyrinthiques qui dialoguent avec l’art tribal et, de l’autre, il donne à voir des toiles figuratives, nourries de calembours, de masques grotesques et d’objets mutants, aux accents surréalistes.
« Yves Laloy, précise Emmanuel Perrotin, est un artiste très moderne, qui a laissé une œuvre pleine des mystères du cosmos et de son inconscient. Je suis heureux de participer à sa mise en lumière sous un nouveau jour. » Après avoir dévoilé à la dernière Fiac une poignée de ses peintures chatoyantes et ondulantes, au « scintillement stellaire » (André Breton), issues de collections privées, le galeriste parisien lui consacre cet hiver, dans ses deux espaces, une exposition personnelle bien plus vaste, avec une cinquantaine d’œuvres présentées recouvrant l’ensemble de son œuvre, pour des prix compris entre 20 000 et 100 000 euros. Sa cote est en effet dernièrement revue à la hausse : en septembre 2021, à Art Basel, un tableau de 1955 a été vendu par la Galerie 1900-2000 à 140 000 euros. Nul doute que, accrochés façon « white cube » chez Perrotin, les « tableaux vivants » de Laloy, mixant vision du cosmos et pouvoir magique, vont sembler avoir été peints par un jeune artiste, magicien de la terre…
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Yves Laloy (1920-1999)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°750 du 1 janvier 2022, avec le titre suivant : Yves Laloy (1920-1999)