Le mobilier de bistro, d’hôtel et de boutique de Philippe Starck

Paris. Spécialisée dans le mobilier d’architectes des années 50 et 60, la galerie Jousse Entreprise s’est aussi ouverte peu à peu au design des années 70 et 80, notamment avec l’arrivée de Matthias Jousse venu rejoindre son père Philippe au sein de la galerie. « Quand nous avons commencé à sourcer des pièces de Starck avec Guillaume de Casson [spécialiste en mobilier vintage 50-80 et ancien galeriste de la rue de Seine ], il y a environ 7 ans, nous en avons trouvé beaucoup », raconte Matthias Jousse. Aussi, cette nouvelle exposition consacrée à Philippe Starck (né en 1949) est la troisième, présentée par la galerie. En 2020, ce sont les premières créations du designer français qui ont été montrées, tandis qu’en 2023, des meubles réalisés en petites séries ainsi que de nombreux prototypes étaient dévoilés. « Starck, c’est d’abord pour moi des souvenirs d’enfance. Je suis allé chez un ami de mon père qui avait acheté la maison Starck des 3 Suisses. Pouvoir s’offrir une maison de designer sans en avoir forcément les moyens m’avait fasciné, tout comme les objets des catalogues 3 Suisses, se remémore Matthias Jousse. Depuis les années 90, je l’ai toujours suivi comme un fan. S’il y a bien un designer connu dans le monde entier, c’est lui ! »

Pour ce nouvel opus, la galerie expose une cinquantaine de pièces provenant de trois lieux emblématiques de la carrière du designer, pour qui créer des objets « bons et utiles avant d’être beaux » a toujours été le credo : le Café Costes, l’Hôtel Paramount et les boutiques du couturier Jean Paul Gaultier – pour des prix allant de 5 000 à 40 000 euros.

Au fond de la galerie prend place le mobilier réalisé en collaboration avec la cristallerie Baccarat pour les boutiques Jean Paul Gaultier en 2002 à Paris, Londres et New York. Parmi les pièces exposées, une paire de chaises à médaillon en métal laqué et plexiglas ou encore une commode en métal et miroir gravé.

L’espace suivant est réservé au mobilier provenant du Café Costes, ouvert à Paris en 1984 par Jean-Louis Costes, place des Innocents (fermé en 1994). Sa décoration résolument moderne, avec ses couleurs pastel, son escalier monumental qui invitait le public à se rendre à l’étage et son horloge surdimensionnée avaient fait sensation. La galerie expose ainsi un prototype de la chaise Jim Hunter (voir ill.) en tube d’acier noir et nylon noir ainsi qu’un guéridon pour la terrasse, en fonte d’aluminium et plateau granito et un guéridon pour l’intérieur, en fonte d’aluminium et médiapan. Ici, Starck réinterprète la table et la chaise de bistrot. En vitrine figurent plusieurs pièces en provenance de l’Hôtel Paramount (New York, 1990), une commande passée au designer par Ian Schrager (né en 1946) : la très atypique table de chevet en barre d’armature et marbre ou encore une chaise restée à l’état de prototype provenant de la collection particulière de Schrager. Pour cette réalisation, le concept était simple : des chambres à petit prix. Rendre le design accessible à un plus grand nombre est une cause qui lui a toujours tenu particulièrement à cœur.

Si sur le second marché, plutôt aux mains des Européens que des Américains, les pièces de Starck ne cessent de prendre de la valeur (la galerie a vendu le prototype du fauteuil de la bibliothèque de l’Élysée, 85 000 €), « certaines pièces sont encore accessibles », avertit Matthias Jousse.