La galerie Éric Dupont présente les œuvres grandeur nature de Damien Cabanes.
Paris. L’année dernière, Damien Cabanes (né en 1959) faisait partie de la quinzaine d’artistes invités à participer à la 17e Saison d’Art présentée de fin mars à début novembre au domaine de Chaumont-sur-Loire. L’artiste était venu travailler sur place, en extérieur, six mois auparavant, car il lui avait fallu trouver la bonne fenêtre météo (absence de pluie ou de vent pour que ses papiers ne s’envolent pas, bonne lumière, floraison, etc.) pour venir s’installer dans les allées et surtout les pelouses. Là où il a posé ses rouleaux de papier (voir ill.) et où, six heures par jour, de façon monacale, il a peint les splendides parterres fleuris, sur le motif, sur le vif, à la volée,« comme un travelling » selon ses propres termes, et réalisé les immenses gouaches par la suite exposées dans la galerie basse du Fenil et la cour Agnès Varda du château.
Ceux qui n’ont pas eu la chance de les découvrir ont droit à une séance de rattrapage puisque deux de ces grands lais de papiers (10 m de large sur 1,3 m de haut) ainsi que quatre autres verticaux collés les uns aux autres (de 2,88 m de haut sur 4 x 1,14 de large soit 4,54 m au total) sont ici accrochés. De par leurs dimensions, ils sont quasiment à l’échelle 1 au point qu’en mettant le nez dessus on sentirait presque le parfum des fleurs et des plantes. Et que dès que l’on recule, la vue panoramique révèle un morceau de bravoure de peinture, dans une belle continuité de travail, puisqu’en parallèle à ses paysages et portraits, les fleurs et les végétaux ont toujours fait partie de son terrain de jeu pictural, surtout depuis les périodes de confinement. Mais il ne les avait encore jamais peints à une telle échelle qui lui permet, plus encore que d’habitude, de révéler son incroyable force et délicatesse à traduire une réalité en émotion pure.« Je pense à refaire l’expérience du visible », dit-il. Cabanes ne représente pas, il fait vivre et vibrer son sujet. Il redonne vie aux dahlias, cosmos, pétunias, delphiniums, sauges, il ravive leurs rouges, blancs, mauves, verts qu’il fait éclater dans l’espace. Il a en effet cette fascinante capacité de faire osciller ses brindilles, de faire souffler du vent sur les pétales, de rappeler la fragilité des choses et, plus que tout peut-être, de peindre le temps qui passe et l’impermanence des choses. D’où cette forme de mélancolie, bien à lui, qui sourd dans chacune de ses œuvres, mais accompagnée par des rayons de joie qui effacent une potentielle tristesse.
De 30 000 euros pour les grands lais à 4 500 pour de plus petites toiles réalisées plus tard à l’atelier et qui complètent l’ensemble, il n’y a pas de quoi crier au loup pour un artiste qui fait ici sa 20e exposition en trente-quatre ans à la galerie Éric Dupont. Ce dernier précise que« les prix sont restés les mêmes qu’il y a deux ans compte tenu du contexte morose actuel et que nous avons toujours veillé à ce qu’ils soient bien contrôlés ».
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Cabanes en très grand
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°650 du 28 février 2025, avec le titre suivant : Cabanes en très grand