Décrits et illustrés dans un catalogue à part relié de velours rouge cardinal, les quatorze meubles, objets et tableaux de la collection du banquier Jean-Marc Vernes, décédé cette année, figureront dans deux ventes organisées par l’Étude Tajan à l’Hôtel George V : mobilier et objets d’art, le 9 à 20h, tableaux des XIXe et XXe siècles, le 10 à 20h. Lors de quatre autres vacations, Me Tajan dispersera 100 pièces de la collection de céramiques Gilbert Lévy, estimées entre 7 et 8 millions de francs, une collection de 120 pièces d’argenterie ancienne, des tableaux, des meubles et des objets anciens.
PARIS - Les deux objets phares de la collection Vernes mis en vente par Me Tajan sont le coffre à bijoux décoré de treize plaques en porcelaine tendre de Sèvres réalisé par Martin Carlin, cadeau de mariage de Marie-Antoinette, estimé entre 18 et 20 millions de francs (acheté 23 millions en 1991), et le Jardin à Auvers de Van Gogh, classé monument historique en 1989. Tous deux auraient dû faire l’objet d’une dation à l’État – on avait même songé pour le coffre à un emplacement à Versailles –, avant que les affaires du banquier, vers la fin de sa vie, ne déclinent.
L’État achètera-t-il ? Selon Jean-Jacques Walter, Jean-Marc Vernes lui avait confié qu’il voulait négocier la valeur du tableau pour une dation autour de 180 millions de francs, une somme intermédiaire entre son prix sur le seul marché français et celui sur le marché international. Ayant déjà déboursé 145 millions de francs, l’État aurait pu difficilement accepter un tel prix, ce qui enlève tout attrait au Jardin à Auvers pour les quelques acheteurs français qui envisageraient à leur tour d’en faire une dation. Me Jacques Tajan estime le tableau, au mieux, au prix qu’avait payé Jean-Marc Vernes dans la vente de Me Jean-Claude Binoche en décembre 1992, soit 55 millions de francs. Une bonne affaire, enfin, pour les musées nationaux ?
Parmi les autres tableaux de la collection Vernes qui seront dispersés ce 10 décembre, figure un beau Vuillard, Le banquier, vers 1893, estimé entre 1,5 et 1,8 million de francs, et Lailla, 1908, de Van Dongen, un nu orientaliste d’inspiration fauve (estimation 3,5-4 millions de francs). L’homme d’affaires possédait aussi quelques très belles pièces de mobilier qui seront proposées le 9 décembre, notamment une console en bois sculpté et doré, époque Régence, estimée entre 800 000 et 1,2 million de francs ; une paire d’encoignures en laque européenne et laque de Chine, Louis XV, estimée 800 000 à 1 million de francs, et une commode estampillée Mewesen, de la même époque, en laque européenne (estimation 1,2-1,5 million de francs).
Parmi les autres meubles non moins spectaculaires de cette vente, un rare paravent à dix feuilles en cuir gaufré, peint à décor polychrome d’oiseaux et de branchages, "travail européen" vers 1730-1740, conservé jusqu’en 1988 au château de Paulhac, dans la Haute-Loire, par le marquis de Miramon, est estimé entre 1,2 et 1,5 million de francs. Une paire de verres peints, provenant de la manufacture de porcelaine de Dihl, époque Empire, décorés de paysages et rarissimes par leur taille, est estimée entre 400 000 et 500 000 francs.
Deux réapparitions importantes
Les ventes du 9 décembre commencent à 15h avec, événement rare sur le marché parisien, une collection de 120 pièces d’argenterie française des XVIIe et XVIIIe siècles, rassemblées pendant quarante ans par un amateur français. Au nombre des lots les plus remarquables, signalons une écuelle couverte, estimée 60 000 à 80 000 francs, une aiguière et son bassin, 200 000 à 250 000 francs, et une aiguière casque, 100 000 à 150 000 francs.
À 18h, suivront une cinquantaine de tableaux anciens, estimés autour de 15 millions de francs, comprenant de nombreux flamands et hollandais et deux réapparitions importantes pour la peinture française – une série de cinq toiles de Nicolas Mignard d’Avignon, et Portrait de la famille Chabanel par Antoine Vestier, estimé entre 800 000 et 1 million de francs. Une paire de natures mortes d’Alexandre Desportes est estimée 1,8 à 2,2 millions de francs, L’Adoration des mages de Pierre Bruegel le Jeune, entre 1,6 et 2 millions de francs.
Le lendemain, à 15h, Me Tajan dispersera la collection de céramiques du marchand et grand connaisseur Gilbert Lévy. Elle comporte une centaine de lots, estimés entre 7 et 8 millions de francs, dont un ensemble de 25 pièces de Delft – l’un des plus importants à venir sur le marché depuis une trentaine d’années –, ainsi que des faïences de Lyon et de Nevers des XVIe et XVIIe siècles. Cette vacation sera suivie à 17h30 par une dispersion de bijoux et, à 20h, par la vente de 72 tableaux et sculptures modernes, dont le Jardin à Auvers.
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Ventes Vernes au George V
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Ventes Vernes au George V