La quantité – près de 1 500 objets mis sur le marché en un peu plus d’une semaine –, mais pas toujours la qualité : les ventes d’objets archéologiques d’octobre, suivies par un public nombreux mais peu dépensier, ont connu des fortunes diverses.
PARIS. Des objets fort beaux et de bonne provenance, des estimations accessibles – la vente d’archéologie organisée les 30 septembre et 1er octobre, comprenant les collections d’art égyptien Delincourt et Emile Brugsch Pacha, a attiré de très nombreux collectionneurs et dépassé les espérances de ses organisateurs, Me François de Ricqlès et l’expert Jean-Philippe Mariaud de Serres.
Les pièces d’art romain, en général, ont suscité davantage d’enthousiasme que l’art égyptien. Deux vases balustres en albâtre rubané, romains du Ier siècle, par exemple, à la fois beaux et rares, ont fait chacun 150 000 francs, environ quatre fois leur estimation. Une tête de cheval en marbre blanc, du Ier au IIe siècle, puissante et nerveuse, est partie à 280 000 francs, son estimation haute. Toutefois, un torse nu d’éphèbe de la même époque, mais restauré et à la musculature mal dessinée, est resté invendu, n’ayant atteint que 290 000 francs contre une estimation de plus de 400 000 francs.
Objets du Luristan
Parmi de nombreuses pièces charmantes et peu chères, se trouvait un lot tout à fait exceptionnel : une borne royale, ou kudurru, en basalte, sculptée en bas-relief, figurant le panthéon des dieux mésopotamiens, vers 1157-1025 avant notre ère. Elle a été adjugée 450 000 francs à un marchand américain, nettement au-dessus de son estimation de 250 000 francs, mais néanmoins dans la fourchette de prix espérée par l’expert. Un portrait de Socrate sculpté en marbre blanc, romain du Ier au IIe siècle, s’est vendu 100 000 francs, contre une estimation d’entre 60 000 et 80 000 francs, et une parure en or composée d’un collier d’intailles de très grande beauté, monté vers 1865, est partie à 140 000 francs, le double de son estimation. La vente a totalisé 4,8 millions de francs, avec 84 % des lots vendus.
Plutôt décevante, en revanche, la vacation d’objets archéologiques du 2 octobre organisée par Me Claude Boisgirard, assisté d’Annie Kevorkian, s’est soldée, en l’absence de deux grands clients, par la vente de moins de la moitié des 327 lots. Bon nombre des pièces les plus importantes figuraient parmi les invendus, dont la statuette de taureau grecque du Ve siècle avant notre ère, estimé entre 300 000 et 350 000 francs, qui ornait la couverture du catalogue. Les objets en bronze iraniens – mors, idoles et bijoux, pour la plupart du Luristan – se sont eux relativement bien vendus.
Tout aussi décevant fut le résultat de la vente du stock du marchand Joseph Uzan, de la galerie Samarcande, organisée les 7 et 8 octobre par Me Paul Renaud : un peu plus de la moitié des 608 lots, estimés autour de 3,5 millions de francs, se sont vendus, pour un total de 2 488 530 francs, une somme qui ne facilitera pas, loin s’en faut, la reconversion professionnelle du galeriste, qui avait espéré s’investir dans la peinture. Une des pièces phares de la vente, une statuette de Bactriane du IIIe millénaire avant notre ère, estimée entre 120 000 et 150 000 francs, est resté invendue, tout comme un bas-relief du IIe millénaire, simplement décrit comme "Proche-Orient" et estimé entre 100 000 et 150 000 francs. Une tête de statue de dignitaire égyptien, 1290-1224 avant J.-C., estimée 60 000 à 80 000 francs, est partie à 120 000 francs, et un visage égyptien en granit gris, 1335-1290 avant notre ère, estimé entre 50 000 et 60 000 francs, a été adjugé 95 000 francs.
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Un trop plein d’archéologie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°30 du 1 novembre 1996, avec le titre suivant : Un trop plein d’archéologie