Un tour du monde et des époques en 8 étapes

Paris. Cette année, les organisateurs ont misé sur une scénographie signée Sylvie Zerat, qui privilégie un plan simple, avec des allées dégagées ouvrant sur la tour Eiffel. Sobre et chic, le décor permet que les galeries recréent chacune leur univers sur leur stand. Nulle répartition par discipline ici, les spécialités et les époques sont mélangées d’un stand à l’autre afin de favoriser les découvertes. Nous en avons sélectionné huit.

Fondée il y a cinquante ans par Anne-Sophie Duval et aujourd’hui dirigée par sa fille Julie Blum, la galerie est spécialisée dans l’Art déco et les arts décoratifs du XXe siècle. Pour sa première participation, elle met à l’honneur Armand-Albert Rateau, avec un ensemble de deux panneaux [voir ill.] réalisés en 1925 par le décorateur (à l’identique de ceux conçus en 1922 pour la salle de bains de la duchesse d’Albe au palais Liria à Madrid, détruit). Dans un espace situé au fond de la nef, la galeriste dévoile une seconde salle de bains, toujours exécutée par Rateau, mais cette fois-ci pour le couple Paul Dubonnet en 1928 pour son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine.

La galerie belge met en parallèle le travail de deux artistes emblématiques de l’école de Paris : Baltasar Lobo (1910-1993), réputé pour ses sculptures (dont Torse au soleil, un bronze fondu en 1973, 95 000 €), et Maurice Estève (1904-2001), célèbre pour ses abstractions colorées (dont l’huile sur toile Composition au pichet (Le Verre blanc), 1942, 135 000 €). Tous deux se rencontrent pour la première fois à Paris en 1945, lors du premier Salon de mai, consacré alors à la jeune scène artistique parisienne qui s’est développée dans la clandestinité pendant la guerre.

Spécialisée dans la sculpture figurative de 1850 à 1950, la galerie poursuit un travail de fond sur Camille Claudel (1864-1943) – elle prépare la publication du catalogue critique de son œuvre. À l’occasion de FAB Paris, la Galerie Malaquais présente trois sculptures importantes de l’artiste, dont L’Abandon (1886-1905), petit modèle, une épreuve en bronze. Le moment est bien choisi puisque se tient actuellement la première exposition monographique de la sculptrice aux États-Unis, à l’Art Institute of Chicago (avant le J. P. Getty Museum de Los Angeles en 2024).

La galerie allemande est spécialisée dans le mobilier et les arts décoratifs anciens avec une prédilection pour l’orfèvrerie européenne et allemande du XVe au XIXe siècle. Elle met à l’honneur une coupe couverte sur un présentoir, représentant une Chasse au lion, en vermeil et bas-reliefs en argent. Signée de l’orfèvre strasbourgeois Jacques Frédéric Kirstein (1765-1838), réalisée entre 1809 et 1819, cette coupe provient de la collection de Maurice Koehler et Elisabeth Schlumberger. Son pendant se trouve au Musée des arts décoratifs de Strasbourg. Prix : 860 000 euros.

Fidèle à sa spécialité, les tableaux primitifs italiens du XIIIe au XVe siècle, notamment à fonds d’or, la galerie dévoile Le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie avec des saints, des chérubins et des séraphins, de Gregorio di Cecco da Luca (vers 1410-1415), une tempera (et or) sur panneau. Si Giovanni Sarti expose majoritairement des tableaux italiens, à l’instar de Portrait d’un ténor, de Daniele Crespi (XVIIe siècle), il ne s’y cantonne pas puisqu’il présente un majestueux Saint Philippe, une huile sur toile (vers 1625-1630) du peintre flamand Gerard Seghers.

Parmi les meubles, objets et sculptures datés du XVIIe au début du XXe siècle que la galerie Steinitz présente sur son stand, figure une commode d’époque Transition (vers 1770) attribuée à Martin Carlin et ayant appartenu à Georges Louis Leclerc (1707-1788), comte de Buffon, le célèbre naturaliste et intendant du jardin et du cabinet d’histoire naturelle du Roi (1,5 M€). La commode est accompagnée d’une paire de vases Médicis montés en poterie fine de Sarreguemines, de la manufacture Fabry et Utzschneider, un ensemble commandé en 1810 par le Garde-Meuble impérial.

Ouverte en 2006, la galerie est une référence dans le domaine de l’art himalayen. Elle expose ainsi des œuvres d’art tibétaines du XIIe au XVIIIe siècle, dont un bodhisattva Avalokiteshvara (XIIe-XIIIe siècle) du Tibet central, en alliage de cuivre doré incrusté de pierres semi-précieuses. C’est un petit clin d’œil à la première ascension de l’Everest, à l’heure où l’on en célèbre le 70e anniversaire, car la fondatrice de la galerie, Iwona Tenzing, est l’épouse de Norbu Tenzing Norgay, fils aîné de Tenzing Norgay, le premier à avoir gravi l’Everest avec Edmund Hillary en 1953.

La galerie suisse ne présente pas moins de trois expositions. La première, « Monet / Richter Lanscapes » montre comment Claude Monet et Gerhard Richter ont transformé la tradition de la peinture de paysage, en mettant en évidence le geste et l’acte de peindre lui-même plus que l’expression d’une perception de la nature. « Yayoi Kusama, inside out » présente des peintures, des sculptures souples et des œuvres sur papier de 1952 à 2011. Enfin, « George Condo : presque humain » comprend des œuvres sur papier et sur toile couvrant la période 1984-2020. Prix affichés entre 380 000 euros et 3,5 millions d’euros.