La Vierge cousant avec trois anges, de Guido Reni, qui avait disparu depuis plus de deux siècles, a été vendue le 6 décembre par l’étude Rémi Ader à Drouot. L’œuvre serait le pendant d’un tableau conservé au Musée du Louvre, La Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean.
PARIS - Le tableau de petit format présente la Vierge dans l’intimité de son logis. La jeune fille, vêtue de rouge, les cheveux détachés, est absorbée dans un ouvrage de couture. Son visage est nimbé d’une discrète auréole, et trois anges l’entourent de leurs grâces et de leurs attentions. Les couleurs chaudes utilisées par l’artiste ajoutent à l’atmosphère douce et tendre de la scène. L’œuvre est peinte à l’huile sur cuivre, un support – emprunté aux écoles du Nord – qu’utilisait Reni au début de sa carrière.
Présenté aux Temps Forts de Drouot-Montaigne, au mois de novembre, le tableau était l’œuvre phare de la vente de l’étude Rémi Ader, le 6 décembre. L’estimation, entre 91 469 et 121 959 euros (entre 600 et 800 000 francs), pouvait sembler faible pour une œuvre du maître italien. Toutefois, son prix d’adjudication, 396 267 euros (2,6 millions de francs), se situe dans la norme des prix pratiqués en ventes publiques ces dernières années pour les œuvres de Reni.
Si l’attribution du tableau ne fait aucun doute, son histoire demeure très mystérieuse. En 1606, Guido Reni offre au pape Paul V Borghèse deux petits tableaux sur cuivre : La Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean et son pendant, La Vierge cousant avec trois anges. Les œuvres traversent, durant le siècle, différentes collections, avant d’entrer en 1685 dans celle de Louis XIV, pour ne plus quitter les collections royales françaises. Les deux tableaux apparaissent dans l’inventaire de 1792. Mais, dans celui de 1795, n’est mentionné que le premier, aujourd’hui encore conservé au Musée du Louvre. René Millet, expert de la vente, a précisé dans le catalogue de la vacation qu’il ne lui avait pas été possible de prouver que l’œuvre vendue était liée au tableau du Louvre. Seule une gravure de Sébastien Vouillemont, parue au XVIIIe siècle, témoigne de la toile disparue. S’il existe des similitudes entre le tableau et la gravure, quelques différences peuvent également être relevées dans le traitement du sol ou encore dans le nombre de putti. Sont-elles dues à une inattention du graveur ? La question semble judicieuse. Car, si l’œuvre accompagne bien le tableau du Louvre, et constitue, de plus, un élément historique des collections françaises, comment expliquer le fait que l’institution ne se soit à aucun moment manifestée ? Les Musées de France, que nous avons interrogés à ce sujet, nous ont dit avoir une opinion sur l’œuvre, sans toutefois pouvoir la communiquer. Ils ont ainsi volontairement ignoré la vente du tableau. Le mystère demeure sur cette œuvre de Reni qui, selon l’historien d’art Gérard-Julien Salvy, pourrait bien être confondue avec une œuvre contemporaine mais indépendante du petit tableau du Louvre.
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Un Reni inédit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°140 du 11 janvier 2002, avec le titre suivant : Un Reni inédit