PARIS
PARIS [10.11.17] - Une enquête préliminaire a été ouverte en juillet dernier à la suite de la plainte contre x déposée par le marchand Eric Touchaleaume en parallèle de l’affaire qui l’oppose à quatre autres galeristes l’accusant d’avoir vendu des meubles contrefaits.
Depuis maintenant neuf ans, le marché du mobilier des années 1950 est empoisonné par une affaire qui pourrait jeter le discrédit sur la profession. Celle-ci a commencé après la vente d’une partie de la collection du marchand de design Eric Touchaleaume chez Artcurial en avril 2008. Soupçonnant que deux fauteuils et une table de Jean Prouvé étaient des contrefaçons, trois de ses confrères parisiens - Philippe Jousse, François Laffanour et Patrick Seguin - achètent ces pièces et déposent plainte un an plus tard. Depuis, une expertise a été réalisée, un juge d’instruction nommé - Aude Buresi - et Eric Touchaleaume a été mis en examen en mai dernier pour contrefaçon par diffusion. Eric Touchaleaume a toujours clamé son innocence : « ou le mobilier est bon et toute cette histoire est agitée par mes concurrents ou il ne l’est pas et un faussaire de génie est derrière tout ça et j’en suis également victime », indiquait-il en mai.
Le 27 février dernier, il déposait par l’intermédiaire de son avocat Me Antoine Vey une plainte contre x pour « tentative d’escroquerie au jugement ». Cette tentative consiste « à se créer une cause à agir en tentant de manipuler la justice en se faisant passer pour une victime afin de déposer plainte » explique Touchaleaume. En réponse l'avocat des plaignants, Christian Beer, s’insurge : « Mais comment peut-on parler d’escroquerie au jugement alors que justement il n’y a pas eu de jugement ! ».
Or, le 18 juillet dernier, le Procureur de la République a ouvert une enquête préliminaire faisant suite à la plainte de février. Elle a été confiée à la BRDA (Brigade de répression de la délinquance astucieuse). Selon Maître Vey, les investigations auront pour but de déterminer si oui ou non, les concurrents d’Eric Touchaleaume ont essayé de le faire tomber en l’accusant à tort de vendre de faux meubles. L’ouverture de cette enquête « est une bonne nouvelle si la justice joue enfin son rôle d’arbitrage. Mais je n’ai pas trop d’illusions sur la suite. Mon sentiment est que la justice est débordée et que les querelles entre marchands ne l’intéressent pas particulièrement », commente Eric Touchaleaume. « Je suis bien sûr au courant de l’ouverture de cette enquête. Mais pour moi, les tentatives de diversions d’Eric Touchaleaume n’ont pas grand intérêt et sa plainte ne tient pas la route », estime Christian Beer.
Auditionné par la brigade le 24 octobre, Eric Touchaleaume a demandé que soient entendus la maison de vente Christie’s ainsi que Philippe Jousse dans l’affaire de la table dite « Vichard », par Prouvé, retirée d’une vente de Christie’s Paris en juin 2006 à la demande de Philippe Jousse, François Laffanour et Patrick Seguin au motif qu’il s’agissait d’un « faux grossier », réapparu sur le stand de Jousse à Miami Design en novembre 2011 et annoncée comme une découverte exceptionnelle à 1 million de dollars. « Devant ma demande d’explication, la table était retirée le jour même du stand et du site de Jousse Entreprise », raconte Eric Touchaleaume. Questionné par Le Journal des Arts, Philippe Jousse renvoie vers son avocat, « d’autant plus que nous sommes trois plaignants », avant de préciser tout de même que la table exposée sur son stand était « une autre table. Pas celle qui est passée en vente chez Christie’s. »
Pour l’heure, dans l’affaire principale, la juge d’instruction a notifié aux parties, sur la base de l’article 175 du code de procédure pénale, la fin de l’information judiciaire. Entre le moment où le dossier a été transmis au Procureur de la République, le réquisitoire du Parquet et l’ordonnance de règlement du juge qui clôt l’instruction et décide si oui ou non l’affaire est renvoyée devant la juridiction compétente, « il n’y aura pas de procès avant fin 2018 ou début 2019 », estime Antoine Vey.
Eric Touchaleaume et son avocat ont par ailleurs déposé une requête en annulation de l’expertise judiciaire au motif que l’expert nommé, Vincent Bertaud du Chazaud, ne serait pas totalement indépendant. Par exemple, « il était architecte conseil du CAUE 17 de 2002 à 2016 (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de la Charente Maritime) et architecte conseil de la ville de Royan quand il a donné son aval pour que la Maison Métropole 8 x 12 Prouvé de Royan soit vendue à Patrick Seguin », rapporte Eric Touchaleaume. « Ainsi, nous avons des raisons de penser qu’il a pu avoir des liens, directs ou indirects, avec certains professionnels de la partie adverse et qu’il aurait dû l’indiquer dans son rapport », souligne Antoine Vey.
A suivre
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un nouvel épisode dans l’affaire Touchaleaume
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €