Cinq tirages du maître dont quatre photographies inédites seront proposés aux enchères le 2 juillet par la SVV Beaussant-Lefèvre.
PARIS - Les photographies d’Edgar Degas sont rares, le catalogue raisonné de son œuvre ne comptant qu’une soixantaine d’images. La découverte de cinq nouvelles épreuves parmi lesquelles quatre sont des prises de vue inconnues constitue donc un événement majeur pour le marché de la photographie. Ces tirages proviennent des archives de la famille de Jacques Lerolle, fils aîné d’Henry Lerolle, l’un des très bons amis de Degas. Se représentant avec ses amis ou les choisissant comme modèles uniques, Degas avait probablement offert ces tirages à ses complices. L’épreuve d’Autoportrait avec les deux filles d’Henry Lerolle, Christine et Yvonne, aujourd’hui conservée au Musée d’Orsay, à Paris, appartenait autrefois à Christine Lerolle. Son tirage très sombre est différent de celui que possédait Jacques et qui sera proposé à la vente sur une estimation basse de 25 000 euros. « Notre épreuve est beaucoup moins noire, on y distingue bien mieux les détails, explique Pierre-Marc Richard, expert de la vente. Degas a pu adapter ses tirages au goût et à la personnalité de leurs destinataires. On sent dans cette image que l’artiste joue avec les préoccupations et la curiosité spirite de l’époque. Le personnage de la jeune fille accoudée à l’Ugolin de Rodin semble presque en lévitation ! L’aspect fantomatique des figures, dû aux longs temps de pose qui avoisinaient dix secondes, ajoute encore à cet effet. »
Les cinq épreuves présentées lors de la vente ont été tirées par le voisin et ami de l’artiste, Guillaume Tasset. Fournisseur de matériel pour la peinture et pour la photographie, Tasset était très régulièrement consulté par Degas pour les questions d’ordre technique. Ce dernier lui confiait la réalisation de la quasi-totalité de ses tirages, opération qu’il surveillait cependant avec attention. Le Portrait au miroir d’Henry Lerolle et de ses deux filles est la plus belle découverte de cette vente. Estimée entre 15 000 et 20 000 euros, l’image témoigne de deux thématiques chères à Degas photographe. Elle est, d’une part, réalisée grâce à un éclairage artificiel, d’autre part, composée d’un jeu de miroir et de reflets. Les trois autres prises de vue de la vente sont également inédites. Les portraits de Madeleine Lerolle et de ses deux filles, d’Henry Lerolle et de sa femme, enfin des Filles d’Henry Lerolle, Yvonne et Christine, sont chacun estimés de 8 000 à 10 000 euros. Ces photographies seront présentées en clôture d’une vente consacrée aux cartes, livres, autographes et manuscrits parmi lesquels se trouvent également sept lettres de Degas à Henry Lerolle, estimées chacune entre 400 et 600 euros.
SVV Beaussant-Lefèvre, experts : Alain Nicolas et Pierre-Marc Richard, Drouot-Richelieu, salle 13, 9, rue Drouot, 75009 Paris, vente le 2 juillet à 14 heures, tél. 01 47 70 40 00, exposition le 1er juillet, 11h-18h.
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Trésors cachés de Degas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°196 du 25 juin 2004, avec le titre suivant : Trésors cachés de Degas