La galerie Louis Carré poursuit l’exploration de l’œuvre de l’un de ses plus anciens artistes, Hervé Télémaque, avec sa production des années 1970.
Paris - Après avoir montré les années 1965-1970 d’Hervé Télémaque en 2009, puis ses œuvres récentes en 2011, la galerie s’attaque maintenant aux années 1970-1980. Intitulée « Passage et autres (1970-1980) », la sélection d’une quinzaine de pièces, organisée pour marquer le 20e anniversaire de la collaboration entre l’artiste (né en 1937 à Port-au-Prince à Haïti) et Patrick Bongers (le directeur de la galerie Louis Carré & Cie) s’inscrit donc dans le cycle qui voit alterner les expositions de tableaux anciens et de ceux que l’artiste continue de réaliser actuellement. L’initiative permet une relecture des premiers en regard des seconds et une meilleure lecture des nouveaux mis en perspective par les anciens. À moins qu’il ne s’agisse de l’inverse. Quoi qu’il en soit, cela peut donner lieu à de surprenants effets. Tel est le cas avec cet ensemble de tableaux qui donnent l’impression d’avoir été peints hier. D’une part parce que leur aspect est impeccable, frais, tout neuf comme s’ils sortaient de l’atelier. D’autre part, ils révèlent ou rappellent qu’ils ont particulièrement bien vieilli et qu’ils tiennent parfaitement la comparaison avec la production de jeunes artistes. Le premier point s’explique, comme l’indique Patrick Bongers, par le fait qu’à l’exception d’une seule toile en provenance d’une collection privée, toutes les autres ont été acquises par la galerie au cours des vingt dernières années ; comme elles étaient généralement assez salies, elles ont été nettoyées pour l’occasion, ce qui redonne donc une vivacité et une luminosité aux couleurs. La seconde tient à la qualité même de ces compositions, au sens fort du terme, tant elles sont réellement composées et savamment réfléchies. Elles sont architecturées par des objets banals (parapluie, ciseaux, canne blanche, clou, épingle, lampe électrique, sifflet, ustensile de cuisine, selle de cheval…) qui semblent d’autant plus inutiles que, simplement suspendus dans l’espace sur fonds d’aplats de couleur et sans contexte, ils n’ont aucune fonction particulière. Mais leur choix, la façon dont ils sont disposés, leur dialogue (ou pas d’ailleurs) met en place un langage, énigmatique, intemporel, d’une indéniable contemporanéité. Et ces objets, comme des signes à déchiffrer, comme un rébus à résoudre, nous invitent à leur inventer une histoire. Rien d’étonnant à ce que Télémaque soit l’un des artistes clefs du mouvement de la Figuration narrative et que l’aspect pop de son rapport à l’objet ait souvent été évoqué. Rien d’étonnant non plus à ce que la fourchette soit ici de 50 000 (pour Nocturne de 1971) à 220 000 euros (pour Caca-soleil de 1970). Soit des prix assez raisonnables lorsqu’on sait que la dernière oeuvre vendue en vente publique, une toile sans titre de 1962, a atteint les 303 000 euros chez Perrin à Versailles en juillet dernier, et que le record de l’artiste est de 366 250 euros pour une toile de 1962 Portrait de famille vendue chez Christie’s à Paris en 2007.
Nombre d’œuvres : 16
Prix : entre 50 000 et 220 000 €
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Télémaque est pop
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 19 octobre, Galerie Louis Carré & Cie, 10, avenue de Messine, 75008 Paris, tél.01 45 62 57 07, www.louiscarre.fr, lundi 13h30-18h30 et mardi-samedi 10h-12h30 et 13h30-18h30.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°398 du 4 octobre 2013, avec le titre suivant : Télémaque est pop