Tefaf tient son rang

Maastricht (Pays-Bas). Tefaf, qui a refermé ses portes le 30 juin, même écourtée (cinq jours au lieu de neuf) et resserrée (243 exposants contre 286 en 2020) en raison des contraintes liées au report de ses dates en juin, n’a rien perdu de sa superbe, et reste, de loin, la plus grande foire d’art et d’antiquités au monde. Réputation qui lui a d’ailleurs coûté cher, puisque le mardi 28 juin, en fin de matinée, elle a été la cible d’un braquage à main armée intervenu sur le stand du joaillier londonien Symbolic & Chase. Un collier de plusieurs millions d’euros aurait été dérobé par des individus, qui, pour l’heure, n’ont toujours pas été interpellés.

Hormis cet événement violent et qui interroge – comment des armes ont-elles pu pénétrer dans le saint des saints ? –,Tefaf est restée égale à elle-même : décoration florale toujours aussi raffinée, allées chics, stands somptueux… Le visiteur en avait plein les yeux tant les marchands s’étaient démenés pour dénicher des chefs-d’œuvre (qu’ils ont eu le temps de mettre de côté depuis la dernière édition en mars 2020, laquelle s’était terminée de manière un peu chaotique en raison de la déferlante Covid).

Le jour du vernissage, il y avait beaucoup de monde et l’on entendait parler toutes les langues dans les allées. Près de cent musées avaient fait le déplacement, tant américains (le Met de New York, le Getty de Los Angeles, les musées de Detroit, Chicago…) qu’européens (Orsay, le Louvre, le Rijksmuseum d’Amsterdam), jetant leur dévolu sur quelques pièces phares. Les ventes se sont alors enchaînées, « surtout les trois premiers jours », a noté un exposant. La foire a cependant pâti de la trop nombreuse offre en ce mois de juin, cause d’une fréquentation moindre. « C’est moins fou qu’en mars », a constaté un marchand.

Voici un tour d’horizon de quelques pépites, qui, pour certaines, ont trouvé un nouveau propriétaire ou sont réservées : une série de médaillons en terre cuite, par Andrea Riccio, vers 1500, représentant des bustes d’empereurs romains chez Steinitz [Paris] (vendus, 4,5 M€) ; Hippopotame, 1929, de François Pompon, en marbre de Carrare, qui a rencontré un vif succès et fait l’objet d’une négociation chez Xavier Eeckhout [Paris] (1 M€) ; une paire de cabinets en panneaux de laque de Coromandel et de Chine d’Hervé Van der Straeten à la Galerie Flore [Ixelles] (réservée, au-delà de 1 M€) ; un coffret à bijoux en émail et bronze, niellé d’argent, de Pál Horti, présenté dans le pavillon hongrois à l’Exposition Universelle de 1900, chez Oscar Graf [Paris] (vendu au Virginia Museum of Fine Arts). Mais aussi un monumental plat d’apparat en argent portant les armes de la famille Távora du Portugal et représentant l’Enlèvement d’Europe, 1670, par Travani, Rome, à la Galerie Kugel (Paris) ; une cheminée en marbre griotte et bronze doré, 1791, par Dugourc, Bélanger et Thomire pour l’hôtel de Marbeuf chez Royal Provenance [Paris] (1 M€). Et, côté peinture ancienne, un grand Saint Pierre repentant, de Fragonard chez Wildenstein [New York] (15 M€) ; Autoportrait de l’artiste en Cléopâtre sur son lit de mort, serrant une vipère [voir ill.], vers 1620, d’Artemisia Gentileschi chez Jean-François Heim [Bâle] (7,5 M€) qui a suscité l’intérêt de plusieurs institutions ; Le Vieux Berger, 1646, de Michael Sweerts, chez Antonacci Lapiccirella [Rome] (vendu, autour de 400 000 €) ; le Portrait de Louis XV, par Nattier, dont une version est conservée à l’Ermitage, vendu par la Galerie Perrin (Paris). Pas moins de six Gauguin étaient présentés chez Gillis Goldman (Bruxelles), dont deux ont été vendus, quand Les Oies attendaient encore preneur (1,6 M€) à la fin de la foire.