Pays-Bas - Foire & Salon

Tefaf online : un air de déjà vu

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 15 septembre 2021 - 648 mots

L’édition numérique de la foire qui vient de se terminer, affichait des pièces de qualité mais rarement inédites.

Crabe (encrier), XVIe siècle, 14,5 x 10 x 4,5 cm, bronze. © Christophe de Quénetain
Crabe (encrier), XVIe siècle, 14,5 x 10 x 4,5 cm, bronze.
© Christophe de Quénetain

Reportée en mars 2022 à Maastricht - soit deux ans après sa dernière édition physique - la Tefaf (The European Art Fair) vient de clore sa deuxième édition en ligne, qui s’est tenue du 9 au 13 septembre. Cette version numérique rassemblait 264 marchands de toutes nationalités qui, contrairement à la première, en novembre dernier, pouvaient proposer à la vente non plus une seule mais trois œuvres, soit un total de plus de 700 pièces. 

A parcourir la sélection, on constate que la qualité des pièces proposées était au rendez-vous. « Cette édition était plus intéressante que celle passée. Elle nous a permis de vendre une paire de fauteuils d’époque Louis XVI estampillés Demay, identiques à ceux conservés dans la collection Wrightsman et avoir de l’intérêt sur d’autres objets », rapporte Guillaume Léage. 

« Mais le problème, c’est que personne ne joue vraiment le jeu, donc le niveau est très bon mais il n’y a aucune découverte et rien d’exceptionnel car tout le monde réserve ses très belles œuvres pour la prochaine Tefaf en présentiel », tempère un connaisseur du marché. 

Il est vrai qu’un certain nombre d’œuvres avaient déjà été présentées dans le passé et même vues et revues. « Je ne trouve pas que cela soit déshonorant de mettre sur le net une œuvre qui a déjà été vue. C’est au contraire une bonne tactique commerciale, qui permet de toucher un public plus large, qui n’a peut-être jamais vu l’œuvre en question », répond l’expert en tableaux ancien Nicolas Joly. 

Avec une participation qui s’élevait à 2 500 euros, les marchands auraient eu tort de se priver d’une opération qui peut être très rentable au final, contrairement aux foires physiques dont les charges sont lourdes. « En tout cas, avec la possibilité de mettre 3 œuvres, les marchands avaient tout intérêt à panacher, entre celles déjà vues et les nouveautés », ajoute l’expert. C’est ce qu’a fait l’antiquaire londonien Robilant + Voena qui montrait une toile d’Oudry, Le pêcheur et le petit poisson des Fables de Fontaine, vue plusieurs fois, à côté d’un Portrait du Marquis Luigi di Alberto Altoviti en Ganymède ou Hylas, vers 1645, de Volterrano. 

Parmi les autres œuvres qui retenaient l’attention, on trouvait chez Colnaghi une terre cuite de Benedetto da Rovezzano représentant Saint Jean-Baptiste dans le désert, vers 1510, « probablement un des meilleurs exemples de sculpture du début de la Renaissance actuellement sur le marché », indique la galerie ; chez Daxer & Marschall, deux paysages du peintre norvégien Peder Balke (1804-1887), rappelant ceux de Caspar David Friedrich, étaient visibles. 

Adam Williams montrait de son côté un Portrait de Francesco Di Poggio écrivant à la lumière d'une lampe à huile, vers 1640, de Pietro Paolini, très caravagesque (950 000 $). La galerie Kugel présentait un nécessaire en porcelaine Du Pasquier dans un coffre en laque du Japon, vers 1725, ayant appartenu à l’impératrice Marie-Thérèse (1710-1780) et proposé à 400 000 euros. Christophe de Quénetain montrait pour la première fois un crabe en bronze, formant encrier, de la Renaissance italienne (200 000 € - réservé), tandis que Brimo de Laroussilhe dévoilait une Scène de la Passion du Christ, en ivoire, vers 1280-1300, dont l'aile complémentaire est au musée du Louvre (380 000 €). Botticelli Antichità proposait un buste en marbre de Saint Charles Borromée, avant 1660, de Ercole Ferrata, élève de l’Algarde puis collaborateur du Bernin, tandis que Jean-François Heim mettait en avant Les Évaux, près de Château-Thierry, vers 1855-1865, de Camille Corot.
 
Dans un registre plus moderne, étaient mis en vente une Tête de jeune homme barbu, 1967, de Picasso, issue de la collection de Jean et Huguette Ramié (Vallauris) à 880 000 dollars ; Choupatte, 2014-2015, de Claude Lalanne, petit modèle, chez Ben Brown ou encore trois des sept sculptures en albâtre de la série Seven Deaths, de Marina Abramović chez Lisson Gallery (entre 300 000 et 350 000 €).
 

Thématiques

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque