Près de 200 marchands parmi les plus grands antiquaires du monde entier seront présents à la 27e édition du salon de Maastricht (Tefaf). Bien que trahis par la Bourse l’an passé et déçus par le contexte de crise actuel, ils gardent l’espoir de jours meilleurs en proposant une marchandise exceptionnelle.
MAASTRICHT - Des visiteurs toujours plus nombreux – ils étaient 73 000 l’an dernier – sont attendus à la Tefaf Maastricht 2002. Pour parcourir les quelque 200 stands d’antiquaires au milieu de cette marée humaine, il faut bien deux à trois jours. Afin de constituer une étape incontournable de cet épuisant marathon, les professionnels redoublent d’effort chaque année pour proposer raretés et chefs-d’œuvre aux acheteurs. Car chaque transaction compte. Les collectionneurs privés, freinés l’an dernier par les déboires de Wall Street, ont été moins actifs que les institutions. À cause des événements internationaux récents, les antiquaires craignent de vivre le même scénario. “Certains de nos objets ont traversé plusieurs millénaires, ils peuvent bien attendre un an de plus”, plaisante Bernard Blondeel. L’antiquaire présente plusieurs pièces archéologiques mésopotamiennes de grande beauté, notamment une plaque votive sumérienne datée de 2600-1340 avant J.-C. et représentant en relief un homme debout faisant une offrande à un personnage assis, probablement une divinité. La plaque est à emporter pour 225 000 euros. Il propose en outre une quinzaine de tapisseries flamandes dont une pièce du XVIe siècle de 347 x 607 cm illustrant Saul offrant une armure au jeune David d’après un dessin de Bernard van Orley, peintre à la cour de Marguerite d’Autriche aux Pays-Bas, pour 450 000 euros. Le Londonien Jean-Luc Baroni, après une longue collaboration avec la maison Colnaghi, expose pour la première fois sous sa propre enseigne quatre dessins importants de Michel-Ange, Lorenzo di Credi (une feuille acquise à Drouot en mars 2001 pour près de 2,28 millions d’euros), Boucher et Degas, mais surtout des peintures car “Maastricht reste une foire pour les tableaux”. Le marchand est particulièrement fier de montrer une toile inconnue du Guerchin figurant une tête de saint Jean-Baptiste. Entre autres redécouvertes, un puissant et dynamique Saint Philippe exécuté par Van Dyck et daté de 1615-1616 est à voir sur le stand de Salomon Lilian, d’Amsterdam. Mais la vedette du salon est annoncée comme étant une huile sur toile de Rembrandt, Minerve : l’antiquaire new-yorkais Otto Naumann l’a estimée 40 millions de dollars. “C’est le prix pour un chef d’œuvre d’un des plus grands artistes au monde, confirme l’expert français en tableaux anciens, Éric Turquin. Il s’agit d’un grand tableau de figure [137 x 116 cm], rarissime !”
L’art moderne renforce sa présence
Paradoxalement, le secteur qui souffre sans doute le plus de la conjoncture économique, l’art moderne – les résultats avaient été désastreux pour les galeries spécialisées lors de la dernière Tefaf – est plus présent cette année. Parmi les huit nouveaux exposants de Maastricht 2002, signalons trois marchands d’art moderne, le New-Yorkais Michael Werner, la Timothy Taylor Gallery de Londres et la galerie parisienne Applicat-Prazan, ravie de participer à l’aventure maastrichtienne. Sollicité par les organisateurs de la Tefaf à la suite de sa brillante participation à la Fiac, Bernard Prazan entend “mettre les petits plats dans les grands, en consacrant entièrement mon espace d’exposition à l’École de Paris des années 1950”. Il exposera donc des œuvres majeures de Fautrier, Poliakoff ou Dubuffet mais aussi un tableau d’Otto Freundlich, “la seule peinture de ce pionnier de l’abstraction encore disponible sur le marché”. Des Anciens aux Modernes, la prestigieuse foire promet en marchandises de qualité.
- The European Fine Art Fair (Tefaf), du 8 au 17 mars, MECC (Centre des Congrès et des Expositions), Maastricht, tlj 11h-19h, le 17 mars 11h-18h, tél. : 31 411 64 50 90 et 31 43 383 86 66 pendant la foire ; catalogue : 17,50 euros.
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Tefaf dans l’expectative
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°143 du 22 février 2002, avec le titre suivant : Tefaf dans l’expectative