L’univers onirique de 14 artistes exalte les souvenirs de l’enfance liés aux préoccupations contemporaines.
PARIS - « J’avais envie de raconter des histoires et surtout laisser les artistes les raconter », indique Véronique Maxé, associée de la galerie Albert Benamou et commissaire de cette exposition. Comme l’indique son titre, « Contes cruels », bienvenu donc dans le monde des châteaux hantés, des forêts enchantées, des univers déjantés, des architectures mystérieuses, des jeux énigmatiques et des rituels opaques sur fond de sexe, de luxure, de violence, de mort ; avec en arrière-plan l’ouvrage de référence dans le domaine, à savoir la Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim.
Véronique Maxé trouve que les mondes de la narration, de l’inconscient, de la psyché sont aujourd’hui plus investis par le cinéma, la littérature, les films d’animation que par l’art contemporain « plus axé sur le concept, l’ironie, la distanciation ». La galeriste a eu donc envie de rappeler que bon nombre d’artistes s’intéressent encore à ces domaines, notamment à celui de l’enfance, et n’hésitent pas à se promener dans les bois des contes de Grimm ou de Perrault, comme Katia Bourdarel dans une version jambes en l’air de Peau d’Âne ou de l’autre côté du miroir d’Alice au pays des merveilles comme Pat Andréa.
Sur un autre plan, on ne peut qu’être frappé par la virtuosité technique, toujours au service de ce propos, de la plupart des artistes présentés, à l’image des dessins hallucinés et hallucinants de Mirka Lugosi (originaire des Carpates) ou de David Rochline avec ses drôles de délires. À l’exemple encore d’Émile Morel, qui a eu une exposition personnelle ici même en novembre – décembre dernier. Ses impressions numériques sur papier photo témoignent en effet d’une utilisation magistrale de la palette graphique pour mettre en scène et en imaginaire le thème de l’enfant inconsolable : une sorte de Petit Poucet égaré dans la complexité et la richesse d’un monde peuplé d’animaux sortis d’un curieux bestiaire, de monstres et de créatures érotico-obscènes. Pour compléter le tableau, on peut encore évoquer Nazanin Pouyandeh ou David Lihard avec leurs toiles aux étonnantes allégories.
Les cotes, elles, n’ont rien d’obscène puisqu’elles vont de 800 euros pour un dessin de Franck Rezzak jusqu’à 27 000 euros pour un tableau conséquent de Pat Andréa.
Jusqu’au 28 février, Galerie Albert Benamou, 24 rue de Penthièvre, 75008 Paris, tél.01 45 63 12 21, www.benamou.net, tous les jours sauf le dimanche de 10h-19h.
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Tableaux de contes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°384 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Tableaux de contes