À côté de la peinture et des arts anciens, la Biennale des antiquaires accorde une place non négligeable aux arts non occidentaux. Les cinq continents sont largement présents.
La Biennale des antiquaires aborde toutes les spécialités et propose des œuvres venant de tous les pays. Certaines sont amplement représentées, comme les arts asiatiques, d’autres le sont moins, tels les arts premiers qui concernent trois marchands seulement, ou l’art islamique qui n’en compte que deux.
Les arts d’Asie regroupent quantité de sous-catégories, et voient donc davantage de marchands concernés se presser au rendez-vous. En tout, ils sont six. Il y a deux ans, ils étaient cinq. La galerie londonienne Jorge Welsh, spécialisée en céramique d’Extrême-Orient, n’est pas revenue. C’est également le cas du marchand Christian Deydier, ex-président du Syndicat national des antiquaires (SNA), évincé en juillet 2014, opposé aux nouveaux principes de la Biennale et démissionnaire du SNA.
Un temple pour des sculptures bouddhiques
Parmi les galeries exposant dans la spécialité, figure Gisèle Croës (Bruxelles), qui participe à la Biennale depuis 1980. Elle propose 48 pièces, « un chiffre magique pour moi », explique cette spécialiste de la période du Néolithique jusqu’à la dynastie Qing, pour des prix situés entre 7 000 euros et 1,4 million d’euros. La galeriste montre essentiellement des bronzes archaïques chinois : récipients, poignards, cloches…; mais aussi du mobilier, à l’image de cette grande table impériale en laque rouge « dans son jus », de la fin du XVIe-début du XVIIesiècle ; ou encore de la sculpture, telle une Guanyin en bois sculpté et pigments rouge et ocre, XIIe-XIIIe siècle. Christophe Hioco (Paris) se focalise sur ses thèmes de prédilection, à savoir la sculpture indienne et les bronzes du Vietnam de la culture de Dông Son (– 500 av. J.-C.-IIe siècle apr. J.-C.). Il montre notamment un buddhapada (empreinte des pieds de Bouddha) en marbre, Birmanie, milieu du XIXe siècle, exposé récemment au Grand Palais dans le cadre de l’exposition « Carambolages ». En tout, une trentaine de pièces garnissent le stand pour des prix allant de 10 000 à 400 000 euros. « Je ne pratique pas l’élitisme par les prix mais par la qualité. Ce n’est pas parce que c’est la Biennale que les objets doivent être hors de prix », indique le marchand. La galerie Jacques Barrère présente un important groupe de sculptures bouddhiques du IIe au XIe siècle dans un décor de temple bouddhique agencé par l’architecte François-Joseph Graf, dont une Tête de Bouddha du Ganghara, Ier-IIe siècle (280 000 euros).
Le Japon côté armures
L’art japonais n’est pas en reste. La galerie Jean-Christophe Charbonnier (Paris) met en avant les armes et les armures japonaises et présente une impressionnante armure de daimyô [seigneur local] de type gomaido [constituée de cinq parties articulées, NDLR], deuxième moitié de l’époque Edo (1600-1868), Japon, équipée d’un casque en fer laqué noir à ornements latéraux représentant les mandibules d’un lucane.
Tanakaya (Paris) explore une autre facette de l’art au Japon, celle des estampes, datées du XVIIIe au XXe siècle (pour des prix allant de 6 000 à 70 000 euros) ; y figurent ainsi Kôshû Mishima-goe, une estampe tirée de la fameuse série d’Hokusai, « Les Trente-Six Vues du mont Fuji », et quelques triptyques d’Utamaro et de Kuniyoshi (prix supérieur à 100 000 euros). La galerie expose aussi des œuvres en laque. Venant compléter ce panorama, Mingei (Paris) expose, pour sa première participation, des vanneries pour l’ikebana, des paravents et des objets en laque.
Hors d’Asie : civilisation islamique, arts amérindiens, africains…
L’art islamique est également représenté, grâce aux galeries parisiennes Kevorkian et Alexis Renard. La première, à cheval sur plusieurs disciplines, montre un Porteur d’offrandes, une statue sud-arabique en albâtre, IIe-Ier siècle av. J.-C. (entre 100 000 et 200 000 euros), ainsi que des céramiques lustrées du XIIe au XIVe siècle, mais aussi des miniatures persanes et indiennes. La seconde revient pour la troisième fois et a sélectionné des œuvres persanes, indiennes et ottomanes. Elle met en avant deux kandjars moghols en jade et pierres précieuses dont l’un (Inde, XVIIe siècle) est sculpté d’une tête de cheval (90 000 euros).
Du côté des arts premiers, la galerie Mermoz (Paris) répond à l’appel avec des œuvres d’art précolombien à l’exemple de plusieurs haches cérémonielles en andésite de la culture Maya (Mexique), 600-900 apr. J.-C. Concernant les arts d’Afrique, les poids lourds Bernard Dulon et Didier Claes ne sont pas revenus, mais deux nouvelles enseignes parisiennes ont intégré la manifestation, Meyer et Yann Ferrandin. Ces deux galeries exposent également au Parcours des mondes (lire p. 38) qui se déroule aux mêmes dates, d’où la faible participation de galeries spécialisées en art tribal. Pour l’occasion, Yann Ferrandin fait dialoguer ses trois régions de prédilection, l’Afrique, l’Océanie et l’Amérique du Nord, dévoilant une effigie ancestrale Luba (République démocratique du Congo), milieu XVIIe-XVIIIe, et un masque rituel narut de l’archipel du Vanuatu (Mélanésie), XVIIIe-XIXe siècle, d’une grande force expressive. Quant à Anthony Meyer (Paris), il se concentre sur l’Océanie et l’art Eskimo.
Quatre galeries consacrées à l’archéologie égyptienne, grecque et romaine sont à la Biennale cette année, contre trois en 2014. Phoenix Ancient Art et Gilgamesh ne sont pas présents. La galerie Chenel, dont le stand avait ébloui la nef il y a deux ans, a fait appel pour sa scénographie au designer français Mathieu Lehanneur, qui a imaginé le salon d’un collectionneur dans le futur. Elle met en avant plusieurs œuvres romaines en marbre dont un buste d’homme, probablement de l’empereur Sévère Alexandre, IIIe siècle apr. J.-C., une Tête de Vénus (ancienne collection Jean Bazaine), Ier-IIe siècle av. J.-C., ou encore un Torse de Vénus, Ier-IIe siècle apr. J.-C., pour des prix débutant à 5 000 euros et dépassant le million. Axée plus particulièrement sur l’Égypte ancienne, la galerie Cybele a pour objet phare une barque funéraire égyptienne en bois, Moyen Empire (entre 120 000 et 150 000 euros). L’offre dans la discipline est complétée par les galeries Sycomore Ancient Art (Genève) et Harmakhis (Bruxelles).
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Sous toutes les facettes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°462 du 2 septembre 2016, avec le titre suivant : Sous toutes les facettes